- 1 Faire une randonnée sur les sentiers du parc national Manuel Antonio
- 2 Le parc Manuel Antonio côté océan: plages paradisiaques, faune et flore
- 3 Le parc Manuel Antonio côté forêt: l’observation des animaux
- 4 Le parc Manuel Antonio, balade entre mangrove et forêt tropicale
- 5 Découvrez mes autres articles sur le Costa Rica
Le parc national Carara et le parc national Manuel Antonio sont deux parcs situés sur la côte Pacifique du Costa Rica. Deux parcs, deux ambiances très différentes: à vous de choisir en fonction de vos envies ! Situé à 165 kilomètres de San José, le parc Manuel Antonio est le plus visité du Costa Rica. Etabli en 1972 comme parc national, il a tout d’un paradis terrestre et maritime. Il regorge de beautés naturelles où se mêlent forêts tropicales sèche et humide, forêts primaire et secondaire, lagunes, ainsi que quatre plages propices à la baignade, à l’exploration des fonds marins avec masques et tubas ou simplement à de belles balades sur le sable blanc. A ce cadre paradisiaque s’ajoute une faune abondante: iguanes, singes hurleurs, singes capucins, paresseux, singes-écureuils et crabes d’Halloween.
Faire une randonnée sur les sentiers du parc national Manuel Antonio
La visite du parc national Manuel Antonio (Parque Nacional Manuel Antonio) est facile car les sentiers sont bien aménagés et balisés. Le parc compte dix sentiers de randonnée que vous pouvez sillonner librement ou accompagnés d’un guide.
- Sendero Elevado El Manglar (le sentier de la mangrove)
- Sendero Catarata (le sentier de la cascade)
- Sendero Peresozo (le sentier du paresseux)
- Sendero Playa Gemelas
- Sendero Puerto Escondido
- Sendero Congos
- Sendero Miradores (le sentier du Mirador)
- Sendero Playa Manuel Antonio
- Sendero Punta Catedral
- Sendero Playa Espadilla Sur
Cependant, si vous souhaitez parcourir tous les sentiers du parc, je vous recommande d’arriver très tôt (à 7h pour l’ouverture) car le parc ferme ses portes à 16h ! Mais peu importe le nombre de randonnées que vous pouvez faire, l’avantage de ce petit parc est que vous vous sentirez immédiatement immergé dans la forêt tropicale et que vous apercevrez une bonne quantité d’animaux sauvages: il y a une telle concentration de mammifères, reptiles, oiseaux et autres bestioles que vous tomberez forcément nez à nez avec la faune locale à plusieurs reprises. Mais soyons honnête, s’il est facile de repérer une bande de singes espiègles jouant sur la plage ou des crabes multicolores, repérer un paresseux immobile au milieu de la végétation abondante demande un œil exercé ! Mais croyons en notre bonne étoile et parions sur le Sendero Peresozo … Le sentier porte le nom de la bestiole, on devrait en voir, non ?
Le parc Manuel Antonio côté océan: plages paradisiaques, faune et flore
Les plages paradisiaques du parc Manuel Antonio
Le Sendero Principal de 2,2 kilomètres, encore appelé « Camino Perezoso » (chemin du paresseux) se termine par deux magnifiques plages – « Playa Manuel Antonio » et « Playa Espadilla Sur » – avec une eau couleur turquoise. Au départ de ces deux plages, vous pouvez prolonger votre découverte via le Sendero Punta Catedral (1,4 kms) qui fait le tour de la péninsule (un bout de terre en forme de queue de baleine) et qui offre de beaux points de vue sur l’océan. Au milieu de la jungle, dans un terrain un peu accidenté par moments, on monte et on descend par le sentier en faisant le tour de la péninsule. Même si ce sentier est à côté des deux plages les plus populaires du parc, peu de personnes le font et c’est tant mieux ! Il faut dire que beaucoup de gens visitent le parc Manuel Antonio uniquement pour se prélasser sur ses belles plages.
La Playa Manuel Antonio est la plage la plus populaire du parc: une crique avec de l’eau turquoise et un sable blanc. Installés à l’ombre des amandiers, pourquoi ne pas profiter d’une journée de farniente avec un bon polar ? Si vous rêvez d’un peu plus de tranquillité sur la plage, genre « seul sur le sable, les yeux dans l’eau », vous pouvez opter pour la plage « Voisine », la Playa Espadilla Sur, situé du côté nord de Punta Catedral. Si cette plage n’est pas aussi pittoresque que Playa Manuel Antonio, elle reste très belle et déserte, enfin presque… sur les roches noires, des reptiles (lézards et iguanes) se font dorer la pilule ! Enfin, si vous voulez vraiment jouer les Robinsons, optez plutôt pour la Playa Gemelas, le petit joyau du parc: une petite crique tranquille un peu plus éloignée des sentiers principaux.
Les plages du parc Manuel Antonio côté faune terrestre et flore: le danger rôde !
Mais quelle que soit la plage que vous choisirez pour une baignade revigorante dans l’eau cristalline, surveillez bien vos sacs à dos du coin de l’œil. Le raton laveur dit Mapache, ce petit voleur masqué, n’a peur de rien. Il ouvre votre sac et vous dérobe votre pique-nique en seulement quelques minutes puis déguerpit comme une fusée… Je comprends mieux pourquoi l’un des membres phares des Gardiens de la Galaxy se nomme « Rocket Raccoon »… Autre danger qui rôde sur la plage, El árbol de Manzanillo ou Mancenillier (Hippomane de mancinella). Vous cherchez un abri ombragé pour bouquiner et ce petit arbre de 5 à 10 mètres de haut avec ses petites pommes à l’odeur agréable vous semble tellement accueillant… Sachez que mancenillier, aussi surnommé « L’arbre de la mort », est réputé pour être l’un des arbres les plus toxiques au monde. Bien qu’il doive surtout sa notoriété à son fruit extrêmement toxique, un simple contact avec son écorce peut provoquer de vives sensations de brûlures sur la peau. On raconte même que certaines tribus des Caraïbes attachaient leurs captifs à l’arbre puis attendaient la pluie. La sève remplie de toxines et hautement soluble dans l’eau se répandait alors sur le corps des captifs causant des boursouflures, des brûlures et une irritation intense. Alors, toujours partant pour faire une petite la sieste à l’ombre d’un mancenillier ? Qui eut cru que le farniente sur la plage pourrait s’avérer si dangereux ?
Le parc Manuel Antonio côté faune marine
S’il peut sembler petit à première vue, avec une superficie terrestre de seulement 20 km2, le Parque Nacional Manuel Antonio couvre un territoire maritime de 550 km2. Nous n’avons pas eu la chance d’observer les espèces emblématiques de la faune marine. Lors d’un tour en bateau dans la réserve, il est en effet possible de voir des baleines à bosse durant la bonne saison (de décembre à avril), des dauphins tachetés, à gros nez et des tortues marines.
Le parc Manuel Antonio côté forêt: l’observation des animaux
Le Sendero Miradores (1,3 kilomètres) vous emmènera à un magnifique belvédère d’où vous pourrez voir la majestueuse Punta Serrucho, une étroite bande de côte escarpée qui s’avance dans l’océan. Son nom, « Saw Tip », décrit sa forme brisée et irrégulière (en forme de scie), qui a été causée par des mouvements tectoniques. C’est sur ce chemin de traverse que nous avons découvert une riche forêt grouillante de vie…
« Moi je marchais les yeux par terre
T’avais toujours le nez en l’air
C’est comme ça qu’on s’est connu. »
(Les chemins de traverse – Francis Cabrel)
Un festival d’animaux sur terre et dans les airs…
C’est tout d’abord un bruissement de feuilles qui nous fait lever les yeux. Sur une branche, un écureuil est en plein repas. Puis un cri étonnant et effrayant résonne dans la forêt tropicale. C’est une tribu de singes hurleurs qui bondissent d’arbres en arbres. Mais comment les singes font-ils pour monter si haut dans les arbres ? Tout simplement en utilisant une plante grimpante connue sous le nom de la « Escalera de Mono » (Bauhinia ungulata) qui pousse dans des endroits humides et ombragés. Semblable à une échelle, cette plante s’emmêle pour former des ponts au sommet des arbres qui sont utilisés notamment par les singes. Mais il ne faut pas constamment garder le nez en l’air car le spectacle est aussi proche du sol avec des centaines de petits crabes colorés (« Crabe Halloween » ou Gecarcinus Quadratus) qui reculent en faisant claquer leurs pinces si on les titille d’un peu trop près… D’ailleurs ce Grand Tinamou ne s’attarde pas trop dans le coin et repart en marchant silencieusement; il s’éloigne un peu à la manière d’un individu qui s’éclipse sur la pointe des pieds.
Le capucin à tête blanche: le singe le plus intelligent du Costa Rica
Sur le Sendero Miradores, on croise ensuite une dizaine de singes capucins à tête blanche (cebus capucinus) qui sautent de branches en branches et escaladent les arbres. Un spectacle tout simplement magique ! En espagnol, on l’appelle « maicero cariblanco » (mangeur de maïs à face blanche), à cause de son goût prononcé pour le maïs ! Il est aussi surnommé singe moine, capucin moine, sapajou à face blanche, ou tout simplement capucin. Chez ce singe de taille moyenne, le mâle peut peser jusqu’à 4 kilogrammes et mesurer 45 centimètres; quant à la femelle, elle est plus menue et pèse seulement 3 kilogrammes pour une taille d’environ 34 centimètres. Son pelage noir rappelle la robe sombre des moines capucins, et le fait qu’elle s’arrête au niveau de leur visage rose pâle avec de rares poils blancs, renforce l’effet visuel de capuche.
Le singe capucin est d’une intelligence remarquable. Le poids de son cerveau, avoisinant 80 grammes, rivalise même (proportionnellement bien sûr) avec celui du cerveau humain. Le singe capucin est capable de tailler des bouts de bois pour en faire un outil afin de débusquer des insectes ou une quelconque proie. Il utilise aussi des cailloux soigneusement sélectionnés pour leur tranchant afin de peler les fruits qu’il consomme, ou parfois décortiquer ses proies. Enfin, il a une connaissance des vertus curatives des plantes: régulièrement, il frotte son pelage avec la pulpe de certains fruits, afin de se débarrasser des parasites et/ou protéger sa peau comme on le ferait avec une crème hydratante.
Bradypus tridactylus, le roi des paresseux du Costa Rica
En amateurs de petites bestioles, nous avons observé très longuement l’ascension flegmatique de ce paresseux à trois doigts ou à paresseux à gorge brune (perezoso en espagnol). Doucement mais sûrement, telle pourrait être la devise de ce mammifère. Il faut dire qu’il se déplace à une vitesse moyenne de 0.2km/h… La lenteur de son métabolisme, due à un petit cœur et à un rythme cardiaque faible, ne lui permet pas, par exemple, d’autoréguler sa chaleur corporelle. Sa température interne varie entre 23°Cet 32°C en fonction de l’ensoleillement. Et saviez-vous que cet étrange animal ne bouge pratiquement jamais de l’arbre où il est né ? Il s’avère que 86 % des paresseux vivent sur la même branche toute leur vie !
« Auprès de mon arbre,
Je vivais heureux,
J’aurais jamais dû m’éloigner de mon arbre…
Auprès de mon arbre,
Je vivais heureux,
J’aurais jamais dû le quitter des yeux… »
(Auprès De Mon Arbre par Georges Brassens)
Ce mammifère est phyllophage ou folivore, c’est-à-dire qu’il se nourrit exclusivement de feuilles. Ses 18 dent (uniquement des molaires) sont dépourvues de racines, ce qui les rend mobiles, facilitant grandement la mastication des feuilles coriaces dont il se nourrit. Le paresseux possède d’étonnantes griffes courbées et parallèles entre elles qui mesurent de 5 à 6 centimètres de long, servant à la préhension des branches et aux déplacements. Il vit la quasi-totalité de son existence, la tête en bas, suspendu à une branche. Il se sert de ses griffes puissantes et recourbées, à la manière d’un crochet. Cette position quasi-permanente de « cochon pendu » a provoqué le déplacement de certains organes tels que le foie et l’estomac, pour s’adapter à la pression permanente exercée par la gravité sur son abdomen. Quant à son système digestif, il est lui aussi extrêmement lent: le paresseux ne fait ses besoins que tous les 7 à 10 jours. C’est le seul moment où il descend de son arbre au sol et c’est donc aussi le seul moment où il est vulnérable…
Autre singularité, le paresseux possède un système immunitaire très performant. Il est capable de régénérer son organisme suite à des blessures graves: la chair, la peau et les poils repoussent à l’identique comme si rien ne s’était produit ! Si les scientifiques ont, à une époque, considéré cette faculté comme un don de régénération (comme chez la salamandre), on sait aujourd’hui qu’il s’agit juste d’une cicatrisation incroyablement efficace. D’ailleurs son ancêtre direct, le mylodon, avait cette faculté de guérir de presque tout, ce qui lui a valu sa réputation d’invincibilité. Autre point commun troublant, le pelage du mylodon avait tendance à verdir dans le temps ce qui fit naître la légende d’un « être arbre » qui finissait par fusionner avec la forêt qui l’abritait. Le pelage du paresseux abrite des milliers de parasites (coléoptères, papillons et acariens) mais aussi des cyanobactéries. Cette algue chlorophyllienne donne au pelage des reflets verts de plus en plus prononcés plus un paresseux vieillit… On pourrait donc en théorie estimer l’âge d’un paresseux simplement en regardant la proportion des reflets verdâtres de son pelage.
Le parc Manuel Antonio, balade entre mangrove et forêt tropicale
La mangrove, l’un des écosystèmes les plus productifs de la planète
En parlant d’« être arbre », la flore du parc Manuel Antonio vaut aussi un coup d’œil ! Le parc abrite une belle forêt tropicale primaire avec notamment l’emblématique Ceiba et l’arbre à pluie, complétée par 12 hectares de mangrove. Ici, les racines des palétuviers appelées « racines échasses » protègent et nourrissent de nombreuses espèces aquatiques: poissons, crustacés et mollusques. La mangrove est aussi indispensable à de très nombreuses espèces d’oiseaux locaux et migrateurs. Outre son rôle de protecteur de la faune, la mangrove fertilise les lagons et favorise le phytoplancton. Si vous en doutiez encore, sachez que la mangrove est l’un des écosystèmes les plus productif en biomasse de notre planète ! Les hommes en tirent de nombreuses richesses comme le bois de palétuviers et de nombreuses plantes pour la médecine, ainsi que du poisson et des crustacés. Mais si la mangrove est l’un des écosystèmes les plus productifs de la planète, c’est aussi l’un des écosystèmes les plus menacés du monde: elle est encore plus en danger que les forêts tropicales et les récifs coralliens ! Si l’urbanisation est le premier facteur de sa disparition, les élevages de crevettes qui se sont développés dans le monde entier depuis les années 80 sont aussi un vrai fléau pour les forêts de mangrove dans le monde.
« Dans la nature, rien n’est parfait et tout est parfait: un arbre peut être tordu et ses branches tourmentées, il est toujours beau ».
(Alice Walker, écrivaine et une militante féministe, auteure de « La Couleur pourpre »)
Rencontre avec les palmiers Viscoyol et le Quassia dans la forêt tropicale
Autre curiosité végétale du parc Manuel Antonio, les palmiers Viscoyol. Impossible de grimper sur cet arbre mesurant de 2 de à 10 mètres de haut et couvert d’épines très fines et dures comme des aiguilles. Ils forment une barrière presque impénétrable. Mais quelques petits animaux malins et courageux comme les singes à face blanche et les singes titi, osent se faufiler dans ses défenses épineuses à la recherche de leur récompense: les grappes de fruits juteuse, pourpre ou noirâtre à maturité qui rappellent un peu le raisin.
Enfin, le parc Manuel Antonio abrite aussi le quassia qui a pour nom botanique Quassia amara. Il est également appelé Quassia amer ou Bois amer. Cet arbuste aux fleurs rouges de 4 à 6 mètres de haut, est recherché par diverses industries, principalement pour extraire la cassine, qui est considérée comme la substance la plus amère de la terre. La plante est utilisée en médecine traditionnelle pour ses propriétés fébrifuges. Il parait que la tisane de Quassia est si amère qu’elle rendrait le sang imbuvable pour les moustiques ! Efficace comme insecticide naturel…
La Playa Palo Seco: océan pacifique et sable à perte de vue
Écouter une dernière fois le bruit des vagues, sentir les embruns, l’air iodé, la vue du bleu océan, le sable entre les doigts de pieds… L’océan agirait-il comme une thérapie mentale ? On pourrait rester pendant des heures devant ce spectacle face aux alizés et au soleil couchant. Alors profitons de cette ultime soirée au Costa Rica, sur la Playa Palo Seco, une plage de près de 12 kilomètres autant dire du sable à perte de vue…
Pura Vida !
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