« Hau » comme on dit en Lakota !
Le Dakota du Sud est situé dans la partie nord des états du Midwest. L’état est coupé en deux par le fleuve Missouri autrefois remonté par l’expédition de Lewis et Clark – Non, non, cela n’a rien à voir avec la série « Lois et Clark », même si l’on pourrait parler de « supermen » pour ces deux hommes qui menèrent avec succès la première traversée des Etats-Unis jusqu’à la côte Pacifique. Le paysage du Dakota du Sud se caractérise par de vastes plaines doucement vallonnées. Seules les Black Hills, une chaîne de montagne située au sud-ouest dont le point culminant est le Black Elk Peak (2207 mètres d’altitude), viennent « casser » cette monotonie du relief. S’il vous vient en tête l’image emblématique de Laura Ingalls qui tombe en courant dans la prairie… vous avez partiellement raison ou à moitié tort ! Pourquoi ? Parce que la série « La Petite Maison dans la prairie » a été tournée à Walnut Grove dans le Minnesota… mais la véritable Laura Ingalls Wilder a bien habité dans la petite ville de De Smet (Dakota du Sud) où se déroulèrent les aventures de « Little House », son autobiographie à succès, rachetée pour la télévision… Si vous voulez des images à 100% Dakota du Sud, alors je vous suggère plutôt de penser au film « Danse avec les loups » (ou aux descriptions lues dans le roman éponyme écrit par Michael Blake)! Bingo, vous êtes déjà dans l’ambiance du lieu… un paysage marqué par la nature, par l’histoire avec les Black Hills et les grands sanctuaires sioux… Visiter le Dakota du Sud, c’est arpenter des chemins de traverse et plonger dans une autre Amérique. C’est une très belle découverte pour tous les amoureux de l’Ouest, le vrai !
C’est le tout premier parc d’état des Etats-Unis mais aussi le plus vaste, le Custer State Park s’étend sur 287 km2. Il est situé dans les Black Hills (Collines noires) au sud-ouest de Rapid City. Fondé en 1919, il a été nommé en souvenir de George Armstrong Custer, général de cavalerie américain célèbre pour ses exploits durant la guerre de Sécession. Au petit matin, on emprunte la « Wild Life Loop Road », un circuit de 29 kilomètres qui permet de découvrir la partie vallonnée du parc. Cette boucle permet aussi d’observer la vie sauvage; en effet, une grande partie des animaux errent en toute liberté au sein du parc dont le fameux « Thathanka » (bison en langage Lakota). La voiture serpente le long des routes sinueuses, les paysages de prairie défilent dans un étrange silence… Les minutes s’égrènent lentement, la nature s’éveille doucement, le « wi » (soleil) se dessine timidement à l’horizon. Puis du mouvement au loin, d’abord indistinct et lointain, mais qui se rapproche de plus en plus… Une sorte d’impatience s’empare de nous… Le petit nuage de poussière progresse, et soudain nous les apercevons: un troupeau de bisons ! Bien sûr, il n’y a rien de comparable avec la célèbre scène des bisons dans « La Conquête de l’Ouest » (1962), tournée ici dans ce parc, celle où les indiens lâchent un immense troupeau de bisons afin de détruire un village de colons. Mais, se retrouver face au plus grand mammifère d’Amérique du Nord est impressionnant. Et ne vous y fiez pas: malgré sa grande taille et son énorme masse, le bison est en mesure d’atteindre des pointes de 60 km/h ! Nous poursuivons tranquillement notre route, laissant ces herbivores à leur petit-déjeuner… La prairie abrite encore bien d’autres surprises: « Kakiya » (là-bas), des cerfs mulet et des cerfs de Virginie qui ne se distinguent que par la taille des oreilles et la couleur de la queue, et « lel » (ici) des chiens de prairie. Bas sur pattes avec un corps trapu, ce rongeur a vraiment l’allure d’une marmotte. Ses longues griffes acérées lui permettent de creuser des terriers de 3 à 5 mètres de profondeur, lui servant notamment à s’abriter des prédateurs.
Nous prenons notre temps en conduisant lentement et en nous émerveillant devant le paysage et la faune environnante. Oh, regardez, là cet étrange animal que l’on surnomme spontanément « Cul blanc » mais qui est plus communément appelé pronghorn. Cette antilope est la seule espèce d’ongulé nord-américaine endémique. Sa vision panoramique lui permet de détecter un mouvement à plusieurs kilomètres de distance et de voir arriver ses prédateurs… mais elle peut aussi courir à plus de 80 km/h pour échapper à ses poursuivants ! Nous arrivons maintenant sur le territoire des « burros » (ânes sauvages), enfin presque… Ces ânes poilus, descendants des troupeaux qui dans le passé, transportaient les visiteurs au sommet du Black Elk Peak (anciennement Harney Peak), sont adorables et ils ne manqueront pas de venir faire un peu de mendicité en espérant une petite collation… C’est dans les environs du lac Stockade, partiellement glacé, que nous assistons au clou de notre spectacle animalier: dans sa tenue de camouflage à fourrure blanche, une chèvre des montagnes Rocheuses prend la pose pour nous. Ces chèvres des montagnes Rocheuses sont vraiment des grimpeurs hors-pair qui gambadent sur des parois quasi verticales… Clic, clac, on la prend en photo mais rassurez-vous, on n’était pas si près que ça. D’ailleurs il est interdit de s’approcher des animaux sauvages dans le parc; il y a des distances de sécurité à respecter en fonction des animaux, mieux vaut prendre de la distance avec certains… Aux abords du lac Stockade, on découvre aussi un étrange panneau d’avertissement sur la faune locale… Un cerf ? Un élan ? Un mouflon d’Amérique ? Et bien non, il s’agit d’un panneau de signalisation pour les tortues. Pourquoi la tortue traverse-t-elle la route ? C’est toujours la même réponse: parce que le marais est toujours plus vert de l’autre côté de la route… Il semble qu’à certaines périodes de l’année, les tortues tentent leur chance au milieu de la circulation routière pour se rendre du lac Stockade à un petit marais situé de l’autre côté de l’US 16A.
Outre la rencontre inoubliable et « oowanyanang wasté » (magnifique) avec l’un des animaux les plus mythiques de l’ouest, le « Thathanka », le parc d’état de Custer offre aussi l’occasion de découvrir les pittoresques paysages des Black Hills. Ces collines noires sont surnommées ainsi car lorsqu’on les surplombe, on ne voit que du noir, ou presque. Au nord-est du parc, la Needles Highway Scenic Drive est une petite route sinueuse de 22,5 kilomètres qui traverse les Black Hills en offrant des points de vue spectaculaires sur les formations rocheuses érodées. Les sombres forêts de pins de ponderosa et les célèbres aiguilles de granite font la spécificité des paysages de cette terre sacrée pour les indiens Lakota. Pour les Lakotas, les « Paha Sapa » ou « He Sapa » (Black Hills) sont le centre du monde: « le Cœur de Tout ce qui Est ». La Needles Highway Scenic Drive est jalonnée de trois tunnels assez petits limitant la taille des véhicules pouvant y circuler: Hood Tunnel (3.2 mètres de large sur 3m de haut), Needles Eyes Tunnel (2.54 mètres de large sur 3.43 de haut), Iron Creek Tunnel (2.74 mètres de large sur 3.45m de haut). Tout au long du parcours, vous pourrez admirer les célèbres aiguilles (needles) de granite, curiosités géologiques, sculptées par l’érosion, qui font la renommée des paysages de cette région. Pour finir le voyage en beauté, n’hésitez pas à faire une pause et une petite balade sur les rives du lac Sylvan, créé en 1881 suite à la construction du barrage de Sunday Gulsh et intégré au parc en 1921. Il est surnommé le « Crown Jewel » (le joyau de la couronne) des Black Hills ! En saison, de nombreuses activités de plein air y sont proposées… vous n’aurez que l’embarras du choix: escalade, baignade, location de canoës ou de barques, pêche etc. Si ce lac vous semble familier, c’est peut-être parce que vous l’avez aperçu dans le film « Benjamin Gates et le livre des secrets » … mais contrairement à ce que le film laisse penser, le lac ne se trouve pas directement derrière le célèbre monument du Mont Rushmore (Ah, la magie d’Hollywood) !
Enfin, l’exploration du parc serait incomplète sans avoir fait le dernier parcours: la Iron Mountain Road. Outre les superbes paysages de forêts de pins, cette route panoramique de 27 kilomètres est surtout réputée pour ses 3 petits tunnels et ses 3 « Pigtail bridges » (littéralement « pont en queue de cochon ») ou pont en spirale en bois qui permettent de grimper rapidement à flanc de colline. Quant aux tunnels courts, aux nombres de 3, creusés dans la roche, ils sont très étroits et pas très hauts: le Scovel Johnson Tunnel (4.01 mètres de large sur 3.76 mètres de haut), le C.C Gideon Tunnel (3.96 mètres de large sur 3.35 mètres de haut) et le Doane Robinson Tunnel (4.01 mètres de large sur 3.71 mètres de haut). Pour la petite histoire, Jonah LeRoy « Doane » Robinson (1856-1946) était un historien américain de l’État du Dakota du Sud qui lança l’idée de la réalisation du mémorial national du Mont Rushmore. D’ailleurs, le Doane Robinson Tunnel est célèbre pour la vue qu’il offre sur ce monument !
« Toksa akhé » (A bientôt en Lakota)