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Alors là, je ne dis pas merci à Quinn Mallory qui bien sûr n’a pas respecté la règle du minuteur… nous voilà maintenant dans un monde parallèle où le langage, les us & coutumes nous sont totalement étranger…

Yá’át’ééh… heu, bonjour à vous aussi.

Háadish nitsʼééʼ łeeʼ sitą́?… heu, oui ben nous on vient de France !

Nizhónígo ałhééhosiilzįįd… Ravis de vous rencontrer aussi

Haash yinilyé ? Céline et vous ?

My name is Yazzie, James Yazzie… et je serai votre guide au cœur du territoire Navajo …

Commençons notre découverte par le Canyon de Chelly National Monument (prononcez Canyon di Ché) qui compte parmi les plus beaux sites de l’Arizona, état de l’ouest américain. Moins touristique que son illustre grand frère (Le Grand Canyon), il permet de s’immerger dans la culture Diné (les Navajos se nommant ainsi). Ce parc de 374 km² est Monument National depuis 1931. Il préserve une région englobant les canyons de Chelly et del Muerto que les Anasazis (anciens amérindiens) occupèrent de manière continue depuis le début de l’ère chrétienne jusque vers 1300.

Canyon de Chelly

Canyon de Chelly

Le Canyon de Chelly n’est pas spectaculaire par ses dimensions hors-normes, mais plutôt par ses formes et ses paysages. La rivière qui irrigue une terre fertile laissant pousser une végétation verdoyante tranche avec la couleur de la  roche et surtout  permet à la vie humaine d’exister. Le canyon est constitué de deux failles (une impressionnante entaille en forme de Y) d’un kilomètre de largeur environ, de 30 kms de longueur chacune, creusées sur un grand plateau ocre (la profondeur maximale atteint environ 300 mètres)… L’essentiel de la visite se fait sur les bords du plateau… Là-Haut, on redevient petit garçon (ou une petite fille), rêvant d’être un explorateur… car le panorama est à couper le souffle. Le clou du spectacle est sans conteste, Spider Rock jaillissant de la terre pour s’élancer vers le ciel sur 244 mètres: c’est tout simplement Nizhoni ! Ce chef-d’œuvre de la nature est aussi un site sacré dans la culture Diné: son nom rappelle la « Femme Araignée » (Spider Woman), l’une des déesses les plus importantes de la mythologie Navajo, qui a notamment enseigné l’art du tissage aux femmes Navajos. Vues d’en bas, les parois du canyon sont impressionnantes par leur hauteur, leurs couleurs et leurs motifs. Accrochées aux parois rocheuses, se cachent les ruines d’anciens habitats troglodytes occupés il y a plus de 1000 ans par les Indiens Anasazis, civilisation antérieure aux Navajos.

Hope Arch

Hope Arch

Tout près du Canyon de Chelly, se cachent d’autres merveilleuses sculptures façonnées par les aléas des éléments durant des milliers d’années. Aller à leur rencontre, c’est visiter des lieux magiques où la beauté de la nature prend tout son sens. Le secteur de Ventana Mesa est de ceux-là. On est littéralement envoûté par Hope Arch. Ah, oui j’avais oublié de vous dire que dans ce monde-là, on se sent comme sur l’île de Lilliput, pays imaginé par Jonathan Swift dans Les Voyages de Gulliver : de véritables Lilliputiens !

Qu’elles soient de proportions monumentales ou de dimensions plus modestes, les arches naturelles  ou ponts naturels exercent un attrait irrésistible pour l’œil humain. Ces merveilleuses sculptures se jouent d’équilibres improbables, suspendues on ne sait comment sur le fil du temps…  Toujours en territoire Navajo et peu fréquenté, Natural Bridges National Monument offre de belles surprises pour le visiteur qui se donne la peine de s’y promener longuement. Cette zone naturelle de 31 km² contient trois des cinq plus grands ponts naturels au monde, creusés par deux petites rivières de type désertique (wash). Elles ont érodé la roche du White Canyon et de l’Armstrong Canyon qui présentait des fractures dans lesquels les eaux se sont projetées avec force pour creuser des ponts naturels (natural bridges). Cass Hite, un prospecteur qui arpentait la région, fut le premier homme blanc à découvrir ces ponts en 1883. À la suite d’un article publié dans le magazine National Geographic en 1904, la région se fit connaître d’un public plus large. Il faut néanmoins attendre quatre autres années pour que le président américain Theodore Roosevelt proclame le site monument national en 1908.

Les Hopis ayant peuplé le sud de l’Utah, il fut naturellement décidé de donner aux trois ponts des noms qui rappellent cette présence amérindienne. Le Sipapu Bridge (deuxième plus grand pont naturel du monde: 67 mètres de haut et 82 mètres de long) tire son nom du trou à travers lequel les Hopis croient que leurs ancêtres émergent des ténèbres.  Quant à l’Owachomo Bridge, le plus récent des trois ponts naturels, il porte un nom qui signifie « butte rocheuse ».

Natural Bridges NM

Natural Bridges NM

On se sent toujours Lilliputiens dans l’âme mesurant six pouces de haut (moins de 15 cm) lorsque l’on surplombe les spectaculaires méandres (d’une profondeur de 300 mètres) creusés par la San Juan River. Ces méandres valent bien leur nom de Gooseneck (cou d’oie)… ils font une longueur totale de 5 miles mais ne parcourent que 1 mile linéaire !

Enfin, cloturons ce tour d’horizon du monde Navajo par un véritable emblème du Wild Wild West, un paysage de « cowboys et d’indiens » construit dans l’imaginaire collectif par les albums de Lucky Luke, les pubs Marlboro et les westerns de John Wayne. Les Navajos, propriétaires des lieux, appellent cet endroit « Tsé Bii’ Ndzisgaii« , ce qui veut dire « la vallée des rocs ». Qui n’a pas admiré dans un western ce panorama et ces célèbres buttes de grès rouge plantées au milieu du désert ? Qui n’a pas rêvé de chevaucher au crépuscule au milieu de ce paysage époustouflant ? Dans La chevauchée fantastique, quatre scènes sont tournées à Monument Valley et l’une d’elle montre les West Mitten et East Mitten. En hommage à une scène du film La prisonnière du désert, un lieu à Monument Valley est nommé John Ford’s Point. Aujourd’hui, les Navajos y rejouent en boucle la scène… Pour peu, on se croierait presque dans un remake « western » de Un jour sans fin !

Valley of Gods

Valley of Gods

Monument Valley, tout comme « little Monument Valley » (encore nommée Valley of the Gods) est le fruit d’un long processus de mouvements de sols et d’érosion. Il y a plusieurs centaines de millions d’années, le secteur était une immense plaine. D’énormes quantités de sédiments, générés lors de l’érosion des Rocheuses, situées à l’Ouest, se déposèrent ici et se transformèrent au fil du temps en roche. Un énorme soulèvement du sol transforma par la suite cette plaine et plateau. L’eau et le vent commencèrent alors leur travail d’érosion et sculptèrent les buttes et autres rochers si caractéristiques de la région. Décidemment, la nature est une artiste !

Mais il est temps pour nous Lilliputiens de glisser vers la découverte d’un autre monde – « On rêvait d’une autre Terre / Qui resterait un mystère / Une Terre moins terre à terre«  (Téléphone)… sans se faire écraser à la sortie du territoire Navajo par les Elephant’s Feet.

Hágoónee’.

 

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