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Le Taj Mahal, l’édifice le plus photographié de l’Inde, reste le plus parfait jamais construit par l’homme, manifestation de l’amour de l’empereur, Shah Jahan pour sa reine disparue (morte en couche en donnant naissance à son quatorzième enfant ou au neuvième pour certains autres– enfin quand on aime on ne compte plus, non ?)…
Une fois passée la fouille réglementaire par le service de sécurité, depuis l’immense porte à arche, on voit apparaître le Taj dans sa vision la plus célèbre avec son dôme de marbre massif qui semble proche et attire irrésistiblement le visiteur. On découvre le jardin et le canal central. Ce canal, bordé de cyprès symbolisant la mort, est doté de jets s’étendant jusqu’au mausolée et reflète la grandeur du tombeau, encadré de ses quatre minarets. L’enceinte du Taj comporte aussi, des deux côtés du mausolée, deux grands édifices en grés rouge (dont une mosquée) qui renforcent la symétrie de l’ensemble. La symétrie, un élément clé du Taj: le grand jardin, le canal et les deux bâtiments auxiliaires permettent au Taj Mahal d’apparaître dans un équilibre absolu comme l’aboutissement de l’harmonie. Comme à Fort Rouge, la masse lumineuse du marbre blanc est équilibrée par l’utilisation de décorations, sous forme d’arabesques florales et de motifs géométriques exécutés en pierres semi précieuses polychromes: turquoise, corail, malachite, lapis-lazuli, insérées dans le marbre blanc (toujours en utilisant la technique de la pietra dura). Imaginez, jusqu’à trente-cinq types de pierres précieuses ont été utilisées et une seule fleur pouvait contenir plus de soixante morceaux…
Pour rendre cette découverte vraiment magique avec le Taj, je suis allée à sa rencontre vêtue d’un Sari orange indien traditionnel (pour celles et ceux qui me connaissent extrêmement bien, on peut dire que ça frise l’exploit de l’année !). Le sari mesure toujours 5,50 mètres de longueur sur 1,10 mètre de largeur. Pas question de parler de taille S ou XXL: il parait que le tout est de bien savoir suivre vos courbes et d’être « somptueusement » mise en valeur… CQFD. Me voilà donc habillée style « Bollywood Fashion » pour la journée (encore un immense merci à la jeune fille de l’hôtel qui m’a habillée en 10 minutes chrono en main… car après tout c’est juste un bout de tissu de 6 mètres au départ, gloups)! La rencontre avec le Taj a vraiment été magique… Ce que je n’avais pas anticipé c’est la curiosité de gens et le nombre de photos incalculables auxquelles j’ai dû me plier (avec le sourire)… une véritable star du jour sur Bollywood Boulevard !
Etape suivante de ce périple, la visite de Fatehpur Sikri une splendide ville impériale dont les bâtiments de grés rouge sont dans un parfait état de conservation. L’histoire de la naissance de cette mystérieuse cité fait l’objet d’une légende. A Sikri vivait un saint soufi, Sheikh Salim Chishti, qu’Akbar, en mal d’héritier alla consulter; un fils naîtra l’année suivante et Akbar, reconnaissant, fit construire un palais en ce lieu. Des milliers d’artisans vont alors faire surgir la ville de Sikri, rebaptisée Fatehpur « la ville de la victoire » par Akbar. Mais il l’abandonne, 14 ans après, pour repartir en campagne, et, désertée par manque cruel d’eau, Fatehpur deviendra une ville fantôme. Passé la porte d’entrée, dans l’immense cour, on aperçoit le Diwan-i-Am (hall des audiences publiques) avec ses arcs et colonnades en grés incrusté. A l’intérieur de la cité les palais, pavillons et mosquées devaient refléter le pouvoir de l’empire en amalgamant le meilleur des traditions architecturales mogholes et rajpoutes. Le tombeau de Sheikh Salim Chishti, dans l’immense cour intérieure est un petit mausolée de marbre blanc. Construit en 1580, le tombeau sera complété de « jali » (écrans ajourés), en 1606. Ces treillis du tombeau, en plaques de marbre ajourées, sont un merveilleux exemple de la maîtrise de l’artisanat hindou de cette époque; lorsqu’on se trouve du côté extérieur, on ne voit absolument rien de l’intérieur… par contre de l’intérieur de la pièce, on voit parfaitement l’extérieur: incroyable, non ?
Mais il est temps de partir à la découverte du Rajasthan… où il serait facile de plonger dans « Le livre de la jungle« , le fameux roman de Rudyard Kipling peuplé d’éléphants. Mais puisque l’on parle d’animaux, au Rajasthan, la vache est encore plus sacrée que dans le reste de l’Inde. Elle est présente partout, même en ville où des vaches chétives survivent surtout grâce aux immondices (généreuses). Même sa bouse est une bénédiction: dans tous les villages du Rajasthan, les bouses de vaches sont séchées, empilées et servent de combustible (on voit des abris remplis de bouses de vache tout le long de la route)
Construite en 1727 et capitale du Rajasthan, Jaipur « la ville rose » est une envahie de l’aube à la nuit par des milliers de rickshaws (qui klaxonnent bien sûr). Jaipur tire son nom de son fondateur Jai Singh II. Sa construction commença en 1727 : pour organiser routes et édifices, son architecte élabore un plan en quadrillage qui divise la ville en 9 carrés. Cette configuration originale est conforme aux préceptes architecturaux de l’époque et répond à des considérations astronomiques où chaque quartier correspond à une planète de l’astrologie indienne. En effet, Jai Singh II était féru d’astronomie et de mathématiques et le Jantar Mantar (l’observatoire) qu’il fait édifier témoigne de cette passion. Mais partons visiter quelques-uns des plus célèbres monuments de Jaipur…
Le City Palace (ou Chandra Mahal) qui occupe le 9° carré au centre de la ville, est une grande structure de 7 étages dont certaines parties (les plus belles parait-il ?) sont utilisées par l’actuel Maharajh et sa famille et fermées au public. Le reste, abrite un musée, des salles d’audience et des cours aux portes richement décorées. A ne pas rater le Diwan-i-Khas, où sont exposées les 2 énormes jarres d’argent que Madho Singh II transporta à Londres en 1901, remplies d’eau sacrée du Gange: elles pèseraient 2500 kg et contiendraient 8000 litres… Bref, de quoi étancher la très grosse soif de Madho !!
Le Palais des Vents (ou Hawa Mahal) fait partie du City palace, bien que situé à l’écart. Construit en 1799 par Sawai Prapap Singh, il s’agit d’un palais du Zenana (l’équivalent hindou du harem). Par les petites fenêtres treillagées finement sculptées, les femmes, qui avaient l’interdiction de sortir du palais, pouvaient regarder le spectacle de la rue sans crainte d’être vues. La beauté du Hawa Mahal vient de sa façade en grès rose à 5 étages, ornée de 61 loggias aérées, en pierre ajourée, et ciselée de 953 niches (j’avoue que je n’ai pas recompté) qui semblent se multiplier pour former un ensemble à la symétrie parfaite. Le nom Palais des vents est dû à la conception particulière qui laisse passer le vent pour apporter de la fraîcheur dans le bâtiment.
La visite de Jaipur ne serait pas complète sans la découverte du fort d’Amber, siège originel du pouvoir royal et un des plus beaux édifices du Rajasthan. Sur la route qui mène à Amber, on peut admirer Le Palais de l’eau (ou Jal Mahal). Il est situé au milieu du lac Man Sagar.
La forteresse d’Amber est dressée à flanc de colline et domine le lac Maota où se reflètent ses remparts. Au-dessus s’élève le fort de Jaigarh, possible cachette du légendaire trésor des Kachwaha, acquis lors des victoires au fil des siècles. Le matin, de nombreux éléphants (parfois joliment décorés) gravissent inlassablement la rampe d’accès principale pour faire gagner l’édifice aux touristes. On entre à dos d’éléphant par La Suraj Pol (porte du soleil), imposante porte d’accès, qui s’ouvre sur la cour d’accueil. Passé le guichet d’entrée, au milieu de la grande cour, s’élève, sur un podium, le Diwan-i-Aam aux perspectives étonnantes (ou hall des audiences publiques). Puis on se retrouve face à Ganesh Pol, la porte de cérémonie conduisant aux dédales de palais et jardins et qui donne sur les quartiers privés des souverains. Cette porte de Ganesh est décorée de peintures murales représentant des motifs floraux et des dessins géométriques et au-dessus des arcs redentés, est peinte l’image de Ganesh, le dieu porte bonheur.
L’influence moghole est évidente dans les pavillons ouverts et les jardins emménagés avec canaux et fontaines. Les cours sont entourées de luxueux palais, de halls d’audience et d’appartements privés décorés de miroirs et de mosaïques. Le Jai Mandir comprend plusieurs pièces remarquables par leurs décorations murales : le Sheesh Mahal, orné, du sol au plafond, de mosaïques de verres colorés et de bris de miroir, le Diwan-i-Khas (hall des audiences privées) et d’autres pavillons aux peintures à motifs floraux et aux écrans treillagés exceptionnellement fin, permettant aux dames de la cour de voir sans être vues…
Voilà, la découverte du « golden triangle Delhi-Agra-Jaipur » s’achève… Après ce bref aperçu de l’Inde, votre feeling penche-t-il du côté des odeurs parfumées des épices ou celles nauséabondes des ordures ?