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Góðan daginn

« Là où le glacier et le ciel se rejoignent, le pays cesse d’être terrestre, le sol participe au ciel, il n’y a plus de place pour le chagrin, aussi la joie n’y est-elle pas nécessaire, la beauté y règne seule, au-delà de toute exigence« . Cette citation du roman de Halldór Kiljan Laxness « Lumière du monde » (Ljós heimsins) résume à elle seule ce que l’on ressent devant le spectacle offert par le le lac glaciaire Jökulsárlón. Situé entre le parc de Skaftafell et la ville de Höfn dans le sud-est de l’île, ce lac glaciaire laisse un souvenir inoubliable aux voyageurs quelque soit la météo. De magnifiques icebergs se détachent du front du glacier Breidamerkurjökull et s’accumulent dans le lagon. Ils sont comme des sculptures abstraites flottant à la surface du lac. Ils sont blancs, parfois translucides avec des reflets bleus ou verts selon la compression de la glace et sont striés de cendres noires, vestiges des éruptions fréquentes en Islande. Après plusieurs années de fonte, ces icebergs réussissent à passer l’étroit chenal qui relie le lagon à la mer et ils finissent leur vie sur la plage de sable noir sous forme de petits glaçons très découpés rejetés par la marée. La contemplation des icebergs flottant dans le Jökulsárlón n’est troublée que par le cri strident des sternes arctiques. Mais il n’est pas rare aussi d’apercevoir la tête d’un phoque qui émerge dans les eaux du lagon. Les phoques suivent leur nourriture: harengs et capelans qui entrent dans le lagon avec les marées. Très curieux, ils viennent aussi observer les touristes !

Jokulsarlon

Jokulsarlon

Puisque nous sommes dans une parenthèse « animal lecteur », notre chemin croise régulièrement une silhouette emblématique du paysage, réputé dans le monde équestre pour sa résistance et ses cinq allures… le petit cheval islandais. En effet, en plus du pas, du trop et du galop, il possède deux allures particulières: le tölt (pas rapide à 4 temps qui peut atteindre 30 à 40 km/h, très confortable pour le cavalier) et l’amble (plus rapide encore à 2 temps, les deux jambes du même côté se déplaçant simultanément avec un temps de suspension). Les chevaux islandais vivent toute l’année en plein air, par tous les temps et en semi-liberté: Le petit cheval dans le mauvais temps / Qu’il avait donc du courage / C’était un petit cheval blanc / Tous derrière et lui devant (G. Brassens). Et surtout ne traitez jamais le cheval islandais de poney ! Malgré sa taille, c’est bien un cheval. Quand on ne croise pas un henni…ème cheval au bord de la route, c’est un… mouton. Celui-ci est aussi omniprésent dans le paysage islandais, et descend directement des troupeaux amenés en Islande par les premiers colons. Robuste et peu exigeant, il se contente d’une herbe médiocre… Les moutons vivent en toute liberté de mai à septembre puis sont rassemblés avant les premières neiges pour passer l’hiver dans des enclos. S’ils servaient autrefois essentiellement à l’alimentation, aujourd’hui les moutons fournissent une laine de très grande qualité. Cependant dans les « must » de la gastronomie islandaise, le mouton tient encore une place de choix: le svið (tête de mouton bouillie), le sviðula (pâté de tête de mouton), le kjötsúpa (soupe de mouton) ou le hangijöt (le mouton fumé)… Bon appétit ! Mais si vous préfèrez de succulentes langoustines… rendez-vous à Höfn (ou Horfnafjördur), prononcer « Heup’n », un port de pêche assez important avec une vue magnifique sur le glacier Vatnajökull (quand la météo le permet !). Les langoustines sont une spécialité culinaire du coin !

Chevaux islandais

Chevaux islandais

Mais continuons un peu notre petit bonhomme de chemin sur la fameuse route n°1 en direction de l’Est de l’Islande, une région qui regorge de paysages de vallées et de montagnes sauvages en bord de mer. C’est une zone peu peuplée (12 000 habitants) et les rares habitants vivent dans des villages disséminés au fond de longs et majestueux fjordsL’été en fin de soirée, surtout s’il y a des nuages et que le ciel prend des tons un peu pastel, on se trouve face à des bras de mer désolés et somptueux; un paysage digne du Seigneur des Anneaux. Par-delà des fjords, nous retrouvons ensuite un paysage de lacs et de cascades. Au Nord-Est de l’île, la chute Hengifoss est l’une des fiertés de la vallée Fljótsdalur. Elle apparaît au randonneur dans son ravin aux parois striées de fines strates d’argile rouge. Comme beaucoup de chutes d’eau, Hengifoss ne paraît pas faire sa hauteur, 118 m tout de même ! Quant au lac Lagarfljót qui s’étend sur une surface de 53 km2, il partage un point commun avec le Loch Ness d’Ecosse… puisqu’on raconte que le lac abrite dans ses eaux sombres, le lagarfljótsormurinn, un animal légendaire. La visibilité dans l’eau du lac est incroyablement mauvaise à cause de la sédimentation et l’existence de ce serpent géant n’a jamais été prouvé.. Mais qui sait, peut-être que par une nuit sombre, le long d’une route de campagne, tandis qu’il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva, David Vincent l’a vu…

Région du Krafla

Région du Krafla

Vous rêvez maintenant de science fiction, alors la région du Krafla est faite pour vous. Ici, la croute terrestre est extrêmement fine et le magma n’est qu’à 3 km de la surface. Périodiquement, le sol de la région se soulève de quelques centimètres sous les poussées magmatiques. La dernière éruption date de 1984 et clôture une période d’intense activité volcanique appelée « les feux du Krafla » qui dura de 1975 à 1984. Une fissure s’ouvrit à proximité du Krafla, au pied du Leirhnjukur, et des fontaines de lave jaillirent tout le long de la faille. Un sentier a été tracé à travers la coulée de 1984 pour permettre d’observer de près les cratères, cône de scorie échancré, laves cordées, plaques lisses, tunnels de lave, évents bordés de lave rouge, fissures fumantes et cristaux de soufre… bref un régal pour les géologues confirmés ou en herbe. La région du Krafla offre vraiment une panoplie de sites à explorer. Viti, au pied du Krafla, est né d’une violente explosion qui inaugura « les feux du Myvatn« . Le cratère est occupé par un petit lac vert turquoise qui provient de la fonte des neiges. Derrière Viti, on trouve quelques solfatares… Une terre craquelée, des couleurs jaunes-oranges-rouges et une odeur de soufre flottant dans l’atmosphère accompagnent le visiteur tout au long du sentier.

Hverir - Dépôts colorés de soufre

Hverir – Dépôts colorés de soufre

Des panaches de vapeurs et une forte odeur d’œuf pourri, (oh, pardon de de soufre) accueillent le visiteur dès son arrivée sur le site coloré de Hverarönd appelé aussi Hverir. Solfatares, marmites de boue bouillonnantes, dépôts colorés de soufre et fumerolles parsèment le sol au pied du Namasfjall. Cette montagne orange est perfusée de toute part par les vapeurs acides et sulfurées qui décomposent le sol. Le sol s’effondre et donne naissance à des marmites de boue qui grandissent de plus en plus, secouées de violents bouillonnements dont les bulles éclatent en projetant des éclaboussures brûlantes sur les pourtours. Dans ces marmites du diable, l’eau soufrée, acide, dissout les roches et forme cette boue grisâtre et bouillonnante. L’activité du sous-sol est impressionnante et on sent la terre vibrer sous les pieds. Le sifflement furieux des fumerolles rappelle que le magma est tout proche de la surface.

Toujours à proximité, se trouve Dimmuborgir ou « Châteaux noirs ». Ces forteresses de lave noire aux des formes étranges, parfois trouées de large portes, sont d’immenses piliers de lave formés par l’érosion d’un ancien lac de lave de 2 kilomètres de diamètre. Elles semblent posées là en parfait désordre formant un véritable dédale pour le voyageur… Er einhver hér? Dans ce labyrinthe on s’attendrait presque à croiser l’esprit de la montagne ou quelques autres gnomes tapis dans les arbustes… mais à qui appartient donc ce visage figé dans la pierre ? Là, c’est sûr vous êtes maintenant prêt votre l’inscription à l’ l’Álfaskólinn, l’école des elfes. Mais avant de courir à Reykjavík pour vous inscrire, une dernière petite étape… Depuis Dimmuborgir, on aperçoit la silhouette imposante du volcan Hverfjall (la « montagne de la source chaude »), un imposant cône gris exempt de végétation. Hverfjall est un cratère de cendres de 1000 mètres de diamètre formé par une seule explosion il y a 2500 ans. Un sentier de randonnée permet d’y grimper et d’en faire le tour. Au sommet, la vue embrasse un panorama à 360° sur le lac Myvatn, Dimmuborgir et la région du Krafla.

Le lac Mývatn ou « lac des mouches » est situé dans le Nord-Est de l’Islande dans les environs du volcan Krafla. Le nom du lac vient des nuées d’insectes (les « Chironomidae« , ressemblant beaucoup à des moustiques et communément confondus avec ces derniers) qui peuplent les bords du lac en été. Ces diptères ne piquent pas mais ont la désagréable habitude de s’infiltrer partout dès qu’on s’immobilise quelques instants… Cet endroit est donc aussi un paradis pour les oiseaux: vous n’aurez aucun mal à y dénicher un petit Arlequin plongeur, un Plongeon imbrin ou un Garrot d’Islande. Au sud du lac, se trouvent les pseudo-cratères de Skútustaðir. Ces pseudo-cratères, bien que ressemblant à des cratères classiques n’ont en réalité jamais éjecté de lave. Ils ont été créés il y a 2000 ans par des explosions de vapeur qui ont eu lieu lors du contact de la lave avec l’eau du lac; quand la lave se met à recouvrir l’eau du lac, l’eau au contact de la lave en fusion s’est transformée en vapeur qui, sous la pression, a percé la croute de lave visqueuse en explosant (un peu comme de la purée sur le feu !) formant un pseudo-cratère.

Váá, takk rosalega.

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