Nous nous étions momentanément quittés sur le superbe coucher de soleil de l’Allée des Baobabs. Après un petit « saut de puce » par avion de Morondava à Tuléar afin de rejoindre « Le Sud » – « on dirait le Sud, le temps dure longtemps » comme chante Nino (Nino Ferrer – Le Sud). Tuléar aussi surnommée par les malgaches « ville de poussière » n’est généralement qu’une bourgade de passage pour les « Vazaha » pour rejoindre les plages d’Ifaty (au nord de Tuléar) ou celles d’Anakao (au sud de Tuléar).
Pour notre part, nous nous engageons sur la piste de sable qui longe la côte vers Ifaty… encore une piste – gloups. Sur le chemin sont disséminés de nombreux villages où le commerce de bord de « piste » est monnaie courante: à droite, de la viande de zébu sous un parasol (hic, on va manger du poisson pendant notre séjour sur la côte !), à gauche un tas de manioc… Ici encore, les passagers d’un taxi-brousse achètent des poissons contre quelques ariary malgache. Qui sait, ils feront peut-être étape ce soir à l’hôtel Tout et Bien !
Les villages des pêcheurs (ou Vezo) se succèdent avec des maisons traditionnelles faites de matériaux locaux rudimentaires (branches, feuillages, paille,…). Entre les traversées de villages Vezo, on découvre un paysage de dunes, de mangroves (paletuviers), de baobabs carotte mais surtout, avec stupéfaction, la barrière de corail, qui est la deuxième plus grande au monde, après celle d’Australie. Il parait que les poissons multicolores se pressent autour des côtes malgaches, pour le plus grand plaisir des plongeurs amateurs ou confirmés. Une autre traversée de village Vezo avant d’arriver à Ifaty. Ce village se nomme Mangily (traduction de notre guide: « ça gratte ») réputé pour son lagon, sa belle plage de sable blanc et surtout pour son tourisme sexuel. Hé oui, cela fait aussi partie des attraits touristiques de Madagascar, malheureusement !
Quelques mots sur cette ethnie Vezo, du sud-ouest de Madagascar, dont l’existence est étroitement liée avec la mer. Le terme « Vezo » vient de la profession de rameur car Vezo veut dire ramer. A l’aise sur l’eau dès l’enfance, leur existence est dédiée à la mer. La mer, c’est la source de subsistance, c’est le lieu qui leur donne du bois (les mangroves), c’est la route (les déplacements se font à pirogue). Un proverbe Vezo dit « Vezo nenga-daka, tsy misy raha vitany » qui veut dire un Vezo sans pirogue ne peut rien faire. La pirogue est pour un Vezo ce qu’est le zébu pour la plupart des autres Malgaches (et comme le zébu, elle est en même temps richesse et prestige social). Taillée dans un tronc d’arbre, elle est dotée d’une voile carrée et d’un seul balancier. Ils les fabriquent eux-mêmes, utilisant des techniques d’un autre siècle. Comme je l’ai déjà mentionné dans un précédent email, à Madagascar rien ne se perd, tout se recrée, tout se transforme – chaque objet a plusieurs vies.
C’est lors de la visite du village de pêcheurs d’Ambolimailaka que l’on a pu voir la fabrication des filets de pêche utilisés sur les pirogues: récupération des fils de caoutchouc qui se trouvent à l’intérieur des pneus de voiture et d’anciennes moustiquaires – patiemment les fils de caoutchouc sont tissés puis cousus aux moustiquaires. Pour les flotteurs, des morceaux de semelles de tongs usagées… et pour les plombs, un mélange de sable et de ciment. Pour les voiles: sacs de riz, de farine et de ciment cousus ensemble ! En ayant tout ça en tête, on admire d’autant plus le défilé de myriade de pirogues haut en couleur, aux voiles hissés et emporté par le vent jusqu’au coucher du soleil sur la plage.
Les vraies richesses dans la vie, ce sont les enfants. A Madagascar, ce ne sont pas de vaines paroles. Les enfants malagasy sont omniprésents, les yeux si brillants devant l’appareil photo… Certains restent figés, ne prononçant plus un mot, d’autres plus décompléxés veulent prolonger l’échange… ils veulent être photographiés « encore et encore, c’est que le début d’accord, d’accord« …
Les femmes Vezo, quant à elles, se font des masques de beauté à base de poudre naturelle qu’elles fabriquent elles-mêmes. Ce masque, appellé le « masoanjony« , protège du soleil et des agressions externes. Le mélange est constitué d’eau et de bois rapé… la poudre de bois déterminant la couleur du masque: bois de santal clair, bois de santal rouge, curcuma pour le jaune etc. Les végétaux présents dans le masque permettent à la peau de conserver sa souplesse et sa douceur. Ces femmes portent le masque pour quelques heures ou pour la journée et certaines les décorent avec de très jolis dessins, des fleurs en général… très artistiques ! Une tradition qui se transmet de mère en fille…