Lorsqu’on évoque Cuba, les premières images qui nous viennent en tête donnent le tournis et aussi l’envie : Salsa, cigare et mojito, Cadillac d’un autre temps, façades coloniales, langoustes, plages de sable blanc et poissons multicolores… Mais Cuba c’est bien plus que tout cela… Ce pays possède une identité forte et unique, marqué par le communisme au pouvoir depuis la fin des années 50, par le métissage de sa population et par la culture envoûtante de la musique et de la danse… C’est vrai que le temps paraît s’y être arrêté: les bâtiments à l’architecture coloniale, les vieilles voitures, les vélos, les chevaux, les gens jouant aux dominos ou aux dames dans la rue, ou encore en fin de journée les personnes assises sur le perron des maisons pour quelques commérages de quartier… Ce pays, pétri de contradictions, ne laisse pas indifférent, à la fois éblouissant et décadent… Alors laissez-vous emmener à la découverte d’un pays qui ne ressemble à aucun autre !
Cuba est la plus grande des îles des Caraïbes avec ses 1200 kilomètres de long et ses 210 kilomètres dans sa partie la plus large (32 kilomètres au plus étroit). Elle est surnommée le « Crocodile » en raison de sa forme allongée. Cuba regorge aussi de Cayos, ces petites îles et îlots de la mer des Caraïbes : sable blanc et mer turquoise, un décor de carte postale ! Mais pour rejoindre le Cayo Levisa, début de notre aventure, c’est l’enfer du décor… très peu de panneaux de signalisation routière, mais beaucoup de panneaux à la gloire de Fidel Castro et du Che portant des slogans révolutionnaires… nous finissons pourtant par arriver sans encombre au port de Palma Rubia en fin d’après-midi (à l’ouest du pays dans la Province de Pinar del Rio). On embarque pour trente petites minutes de traversée pour rejoindre le Cayo Levisa… Le soleil décline et la lumière est juste magique : les silhouettes des arbres de la mangrove se détachent au premier plan telles des milliers d’ombres chinoises dans ce ciel orangé !
Le Cayo Levisa, situé dans l’archipel Los Colorados, est une petite île de 3 à 4 kilomètres de long. La partie sud de l’île est entièrement recouverte de mangrove et les palétuviers donnent parfois l’impression d’avancer sur leurs racines… De nombreuses espèces d’oiseaux peuplent la mangrove comme le bécasseau surnommé aussi le « coureur des plages » en raison de son comportement – Sans rire, qu’alliez-vous imaginer ? C’est juste qu’il se déplace très rapidement sur les plages et qu’il est difficile à prendre en photo ! Au nord de l’île, une plage interminable d’un sable blanc et fin : une impression de paradis ? On se balade jusqu’à la seconde plage de l’île nommée Punta Arena : au programme, des bancs de sable bordés par une mer turquoise et toujours la mangrove omniprésente qui semble vouloir gagner du terrain sur l’océan… En chemin, les seuls habitants que nous rencontrons en ce lieu paradisiaque sont une aigrette bleue (Egretta caerulea) et « Mon ami le pélican » volant comme un avion… Mais pourquoi donc ai-je cette comptine enfantine qui me trotte dans la tête : « De tous les oiseaux de la terre / qui volent au-dessus de la mer / y en a un que je préfère / Il vole comme les avions / mange pour pêcher les poissons / se pose comme un papillon / près des rivages ensoleillés / devant les plages abandonnées ».
Arrivés sur la plage de Punta Arena, il n’y a pas foule non plus… les crabes, les mollusques, les crustacés et les poissons sont les plus présents : Un p’tit crabe tout bronzé / sur le sable allongé / je le prends dans ma main / je l’entends qui se plaint … Aie, aie pincez moi, je rêve, nous sommes seuls au monde comme Tom sans Wilson ! Non, là je vois des autochtones: un petit bernard-l’hermite qui gravit chaque caillou comme une montagne et de gigantesques étoiles de mer aux couleurs vives, du genre Oreaster reticulatus, surnommées aussi « étoile coussin » ou « coussin de mer » et mesurant de 20 à 50 cm de diamètre… « Allez, vieille branche (cinq en tout), on retourne jouer à cache-cache avec les vagues ?» … Mais l’eau est tellement transparente que c’est peine perdue :-)… Nous regagnons la plage principale, jetons un dernier regard vers la mer, car il est temps de regagner l’embarcadère ou pas… Quizás, quizás, quizás… pour de reprendre le bateau des images plein les yeux, direction Viñales, à 80 kilomètres de là.
La cordillère de Guaniguanico, véritable colonne vertébrale de l’ouest cubain, est une chaîne de collines qui ressemble à un vrai gruyère jurassique (creusée de grottes gigantesques) en particulier autour dans la région de Viñales. Bien sûr lorsqu’on arrive aux alentours de Viñales, on remarque surtout les montagnes calcaires recouvertes d’épaisses forêts de pins, interrompues par des couches de terre couleur brique ou ocre. Ces monticules rocheux érodés et ciselés par le temps: ce sont les « mogotes ». Ce paysage de pinède qui forme la toile de fond du paysage de Viñales a donné le nom de la région et de sa capitale : Piñar (Pinède) del Rio. La vallée de Viñales est inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1999. Pour l’apprécier pleinement, il faut s’y aventurer à pied, à cheval ou encore à vélo. On opte pour quelques heures de balade à dos de « Caballos »… Sur les petits sentiers de campagne, balancés au rythme du pas ou du trot de chevaux peu farouches, on longe les champs de canne à sucre, de café ou les champs de tabac où l’on aperçoit souvent au second plan le « bohio » (la hutte) où sèchent les feuilles de tabac. Le tabac est cultivé par des « guajiros » poussant la charrue derrière une paire de bœufs attelés (el tractor natural !). La culture du tabac est la force vitale de cette région et les fermiers utilisent toujours les méthodes d’agriculture « démodées » pour cultiver ce tabac dans la vallée, 200 ans après son introduction. Ce mode de culture est un choix car les tracteurs sont trop lourds, ils tassent le sol contrairement à ce dont le tabac a besoin: il faut à la plante un sol souple et drainant. La production annuelle de la vallée de Viñales est approximativement de 66 000 tonnes par an. Dans l’histoire, Christophe Colomb et ses compagnons sont les premiers Européens à connaître le tabac… on raconte que l’un des bras droits de Christophe Colomb s’était pris d’une passion tellement grande pour ces premiers cigares de l’histoire qu’il en fumait chaque jour tout le long du voyage de retour en Espagne ! Du coup, on pourrait légitimement se poser la question de savoir, du Nouveau Monde ou du cigare, laquelle des deux découvertes de Christophe Colomb en 1492 était la plus importante ? Je suis sûre que vous avez suffisamment de cigares pour répondre à cette question tout(e) seul(e)…
Mais Viñales c’est aussi une petite bourgade tranquille, fondée en 1607, aux maisons colorées et où il est agréable de déambuler en fin de journée pour observer la vie locale. Installés sur la place de l’église (d’un joli jaune), on peut se laisser emporter par le va-et-vient de la rue principale : piétons, cycliste, carriole et bien sûr les magnifiques vieilles voitures. Un peu plus loin, dans une rue parallèle, il règne une certaine douceur de vivre… on peut voir quelques habitants se berçant tranquillement sur leur perron tout en fumant le cigare… mais on ne va pas en faire tout un tabac !
Hasta La Vista !
Merci pour cet article et les superbes photos ! Pour ma part j’avais particulièrement apprécié la vallée de Viñales et ses mogotes lors de mon séjour à Cuba. C’est vrai que c’est un très bel endroit. Un endroit qu’on ne s’attend pas à voir à Cuba.
Bonjour Cécilia ! La découverte des étonnants mogotes de Viñales, classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO, est un incontournable lors d’un voyage à Cuba. A découvrir pied, à vélo, en calèche ou à cheval 🙂