L’image que j’ai en tête lorsque l’on me parle de la Floride, « The Sunshine State » est, je l’avoue, fortement influencée par Sonny Crockett et Ricardo Tubbs dans les nombreux épisodes de Miami Vice : un climat chaud, des palmiers, les longues plages de sable blanc de Miami Beach, le quartier chic de South Beach avec ses cafés et ses terrasses à la mode, les façades d’immeubles dans des tons de rose, vert et bleu pastels, sans oublier les beautés subtropicales « sexy », les cabriolets et les voiliers… Mais la Floride ne se résume pas à ça ! Elle réserve d’autres magnifiques surprises: ce n’est vraiment pas un « State » comme les autres. On peut y voyager en toute quiétude et passer des vacances balnéaires classiques à ramasser des coquillages sur la plage (Seul ou avec Roch Voisine) ou s’en donner à cœur joie dans les parcs d’attractions (Disney, les studios Universal, Sea World, l’histoire de l’espace à Cape Canaveral) ou jouer les « Crocodile Dundee » dans les Everglades. En Floride, chacun trouvera son bonheur ! Et si vous rêviez de partir aux States mais que vos notions d’anglais sont minimalistes… si vous vous débrouillez bien en espagnol : la Floride est pour vous ! ¿Estáis listos? Aquí vamos (a la playa).
Nous commençons notre périple, direction la pointe Sud de la Floride, une région étonnante qui concentre sur sa surface des espaces sauvages de marais tropicaux (les Everglades) et un chapelet d’îles dites « paradisiaques », les Florida Keys (de l’espagnol cayo signifiant « écueils »): récif corallien, plages de sable fin, petite ville du bout du monde au décor colonial et caribéen… tout ça semble plus que prometteur, non ? En partant du continent, un parcours panoramique sur l’autoroute maritime (l’Overseas Highway ou US1) conduit en trois heures à Key West, la ville la plus méridionale du sud des Etats-Unis, à seulement 145 kilomètres (90 miles) de Cuba ! Après Key West, on peut encore rejoindre le parc naturel et les îles de Dry Tortugas, 110 kilomètres plus loin, mais seulement par bateau. Si les Keys furent jadis le repère de pirates et d’aventuriers… avant la construction de l’autoroute (mise en service en 1910), elles sont aujourd’hui dévouées au tourisme, à la navigation de plaisance, à la pêche et à la plongée sous-marine ! Cet archipel qui regroupe environ 1700 îles et îlots (en majeure partie inhabitable) forme une grande barrière naturelle entre l’océan Atlantique et le Golfe du Mexique et se divise en 3 parties: les Upper Keys, les Middle Keys et les Lower Keys toutes reliées par des ponts. Vous rêviez de marcher (ou plutôt de rouler) sur l’eau ? Amateurs de road trip, partons enjamber l’océan en utilisant les 42 ponts des Key, un vrai jeu de saute-mouton au-dessus des flots bleus !
Un premier arrêt à Key Largo (dans les Upper Keys) s’impose pour visiter le John Pennekamp Coral Reef State Park. Key Largo est la plus grande des îles de l’archipel avec ses 50 kilomètres de long sur 3 kilomètres de large… Mais pourquoi son nom me semble-t-il si familier ? Eurêka ! « Key Largo », bien sûr, c’est le quatrième et dernier film (datant de 1948) avec le couple mythique Humphrey Bogart/Lauren Bacall tourné à… Hollywood, hélas ! So bad… mais on voit quand même l’autoroute US1 dans la scène d’ouverture du film… J. Mais revenons à nos moutons ou plutôt à nos poissons ! Amateurs de snorkeling, c’est le moment de (re)sortir votre masque et votre tuba pour vous jeter à l’eau ! Le John Pennekamp Coral Reef State Park est le meilleur endroit de Floride pour pratiquer la randonnée palmée afin de découvrir l’incroyable vie sous-marine qui s’y trouve: un nombre incalculable d’espèces de poissons et de variétés de coraux abritant crabes, oursins, escargots de mer, homards, crevettes, anguilles, étoiles de mer, concombres de mer, oursins plats, bernaches, éponges etc. vous attendent dans cette réserve naturelle de 461 km2. Mais serez vous capable d’y retrouver Némo ? C’est en 1960 que John Pennekamp, ancien rédacteur en chef du Miami Herald, obtient de faire classer la seule barrière de corail du continent américain comme parc. Le John Pennekamp Coral Reef State Park fait partie du Florida Key National Marine Sanctuary, qui couvre quelques 10.000 km² de récifs coralliens, d’algues et de mangrove. Pour ceux qui ne veulent vraiment pas se mouiller mais à l’âme un peu aventureuse quand même, n’hésitez pas à déambuler dans les dédales de la mangrove via le Mangrove Trail ou le Wild Tamarind Trail. Avec un peu de chance, vous pourrez observer les hérons, les ibis blancs, les cormorans et les canards se dandiner ou vous croiserez un iguane vert (de rage).
Mais poursuivons notre road movie vers Le Sud (cher à Nino Ferer): On dirait le Sud / Le temps dure longtemps / Et la vie sûrement / Plus d’un million d’années / Et toujours en été. La route se fraie un passage d’île en île via de très longs ponts qui surplombent un océan bleu scintillant des deux côtés. A l’horizon, tout n’est qu’un immense dégradé de bleus avec parfois un repère de volatiles. Le Seven Mile Bridge (comme son nom l’indique) fait 11 kilomètres de long (7 miles donc !)… Ce 1er avril (poisson d’avril ?) a eu lieu la 36ème édition du « 7 Mile Bridge Run » une course sur ce pont limitée à 1500 coureurs. En fait pour être tout à fait exact, il y a deux ponts à cet endroit : celui utilisé actuellement (construit de 1978 à 1982) composé de 440 arches et le pont d’origine initialement construit pour le passage de la voie ferrée (le rail était le seul moyen de rejoindre les îles en dehors du bateau). Le vieux pont de chemin de fer – l’Overseas Railroad inauguré en 1912 – est abandonné depuis 1935. Il a été détruit par un cyclone qui a balayé plus de 60 kilomètres de voie ferrés. Trop coûteuse à reconstruire et peu rentable, la voie ferrée ne fut jamais réparée… La voie de chemin de fer fut remblayée pour faire passer l’Overseas Highway jusqu’au passage de l’ouragan Donna en 1960 ! Certaines portions du pont d’origine subsitent encore : elles sont accessibles à pied et ont été le lieu de nombreux tournages de films comme « True Lies » (une brèche dans le pont est d’ailleurs le résultat d’une explosion pour les besoins d’une scène du film), « Mission Impossible 3 » ou « Permis de tuer »… Si, si souvenez-vous de la spectaculaire scène du début où le baron de la drogue surpuissant, Sanchez, s’échappe lors de son transfert !
Key Largo et Islamorada (Upper Keys), Marathon (Middle Keys), Big Pine Key (Lower Keys), au bout du bout, on arrive à Key West, capitale très officielle de la « Conch Republic » (République des Conques – un mollusque à la coquille blanche en spirale), un état indépendant créé pour le fun en 1982 J. Et oui, Key West cultive sa singularité… c’est peut-être pour cette raison qu’elle attire de nombreux artistes et que la ville a également longtemps été très « gay » (comme les endroits que fréquente Ziggy dans la chanson). Autrefois appelée Cayo Hueso (l’île aux os) par les Espagnols en raison des nombreux ossements humains qu’ils y trouvèrent lors de leur arrivée, le nom fut transformé par les Anglais en Key West. Au 19ème siècle, la pêche aux éponges, l’extraction du sel marin et la chasse aux épaves contribuèrent à la prospérité de l’île. Puis ce fût l’industrie cigarière, avec l’arrivée d’une main d’œuvre cubaine experte, qui contribua au développement économique de l’île. En 1890, la moitié de la population de Key West était d’origine cubaine ! Aujourd’hui, le tourisme y est roi : Key West est un concentré de folies et de plaisirs balnéaires, de bars branchés et de Key Lime Pie. Certains l’aiment meringuée, d’autres l’aiment avec de la Chantilly, mais tout le monde s’accorde à dire qu’elle est délicieuse et rafraîchissante ! Je parle de tarte, bien sûr ! L’histoire raconte que la recette aurait été élaborée pour les pêcheurs qui n’avaient pas beaucoup d’aliments frais à bord de leur bateau et que la tarte était faite avec du lait concentré en boîte et non du lait frais (pour éviter qu’il tourne !).
Bénéficiant d’un climat chaud toute l’année, Key West se caractérise par des magnifiques demeures en bois perdues au milieu de la végétation. On trouve des maisons d’inspiration victorienne revues à la sauce « caraïbe », des Shotgun (maisons étroites) mais aussi des Conch typiques, inspirées des Bahamas. Les rues sont bordées de ces charmantes maisons en bois donnant sur de petits jardins tropicaux luxuriant, véritables havres de paix. Key West nous plonge dans l’univers d’Ernest Hemingway et de Tennessee Williams, qui y écrivirent leurs plus belles œuvres. L’ancienne demeure d’Ernest Hemingway, une maison en pierre de couleur ocre baignant dans une végétation luxuriante est située près du phare. Achetée en 1931 par Ernest Hemingway et sa deuxième épouse Pauline, l’écrivain y vécu 11 années et y rédigea la plupart de ces œuvres dont « Les Neiges du Kilimandjaro » ou « Pour qui sonne le glas ». Mais c’est bien sûr avec « Le vieil homme et la mer » qu’il immortalisa vraiment les Keys après son départ pour Cuba. L’intérieur de la maison contient quelques meubles d’époque qui ont appartenu à la famille Hemingway, des coupures de journaux et des photos jaunies d’Ernest en Afrique (où il allait chasser), à Cuba, en Espagne (où il a couvert la guerre en 1936). Par un petit escalier étroit, on accède à l’ancien bureau d’Hemingway où trône sa machine à écrire : il avait l’habitude d’y travailler de 6h à midi… l’après-midi étant consacrée à la pêche et le soir à boire des bières avec des amis au Sloppy Joe’s Bar ! Une ambiance feutrée… Tout à coup, tac tac tac tac, la machine s’est mise en marche soudainement et semble déchaînée ! Serait-ce une manifestation surnaturelle du maître des lieux ? Un petit attroupement a commencé à se former autour de la machine : « My name is Bond, James Bond »… Comment est-ce possible ? Ian veux-tu bien rendre sa machine à Ernest s’il te plait ! Ok, d’accord, je vais en parler aussi : cette maison est aussi célèbre parce qu’elle a servi de décor dans « Permis de Tuer » au cours de la scène où M retire à James Bond sa licence de tuer. Mais dans ce monde de célébrités, les stars incontestables de cette maison sont assurément les chats à… six griffes appelés « polydactyl » ou parfois « Hemingway cats ». Le premier de la lignée s’appelait Snowball (il a été donné par un ami du Sloppy Joe’s Bar… lors d’une soirée plus arrosée que les autres… l’histoire ne le dit pas !) et il a aujourd’hui une soixantaine de descendants : ils portent des noms de personnages célèbres (Shakespeare, Cézanne, Bill Clinton etc.) et vivent aujourd’hui dans la maison s’adonnant à l’occupation favorite de tout bon félin quand il fait chaud : la sieste ! Quant au phare de couleur blanche, que l’on aperçoit depuis la maison, il fut construit en 1847 pour remplacer la tour d’origine en bois détruite l’année précédente par un ouragan. Désaffecté en 1969, le phare a été entièrement restauré en 1988 et il est possible de gravir courageusement ses 88 marches pour contempler la vue sur l’île.
Quittons maintenant cette ambiance feutrée, pour nous diriger vers Duval Street, la rue la plus connue pour ses bars, ses magasins où vous pourrez vous acheter votre tee-shirt « I love The Keys », ses multiples animations et excentricités (ventes de bisous pour 1$…). Duval Street et Truman Street sont ces rues où tout le monde se retrouve jusqu’à point d’heure et qui sont une fête perpétuelle pendant les week-ends (un peu l’équivalent de Bourbon Street à la Nouvelle Orléans). C’est autour de Mallory square, autre place touristique que s’organise la vieille ville où plusieurs bâtiments datent du 19ème siècle : le Shipwreck historeum and Museum (un musée insolite sur les pilleurs d’épaves), le Museum of Art & History, l’aquarium de Key West etc. En fin de journée, tout le monde converge vers Mallory Square Dock pour assister au coucher du soleil… on accompagne les locaux et les touristes dans leur rituel inébranlable : un rassemblement sur le ponton pour fêter le coucher du soleil (hé oui, ça se fête !) tout en profitant des spectacles de rue (cracheurs de feu, fakirs, musiciens, jongleurs). Enfin, un dernier incontournable: le Southernmost Point. Au bout de Whitehead Street, une balise indique que Cuba n’est plus qu’à 90 miles… selon la célèbre phrase du président Kennedy lors de la crise des missiles. Pour l’anecdote, la distance réelle est de 151 kilomètres soit 94 miles. C’est l’une des attractions les plus photographiées de la ville ! Cette borne a remplacé une simple plaque en 1983, plaque qui a fait l’objet de vols réguliers par les chasseurs de souvenirs insolites (là, c’est clair il faudrait venir avec un camion-grue).
Hasta La Vista !