C’est presque un passage obligé quand on est en Floride: les Everglades ! A la pointe sud de la Floride continentale, se trouve l’Everglades National Park, une région aquatique, domaine des alligators, des oiseaux et des mangroves luxuriantes. Ce parc national du sud des États-Unis, créé en 1947, a été déclaré réserve de la Biosphère en 1976, inscrit au patrimoine de l’UNESCO. Mais si, vous en avez forcément entendu parler ne serait-ce que dans un épisode de « Les Experts : Miami »… Horatio Caine et son équipe scientifique vont régulièrement récupérer des cadavres avec leur petit bateau bizarre poussé par une énorme hélice ! OK, si vous n’êtes pas un fan de séries télé, alors peut-être êtes-vous un amateur de polars ? Si oui, vous avez sûrement lu l’excellent polar de James Carlos Blake, « Red Grass River » qui narre l’histoire de John Ashey, le « King of Everglades » ! Dans ce roman on s’égare dans les labyrinthes des Everglades en compagnie d’une faune humaine et animale plutôt violente… Non, cela ne vous dit toujours rien ? Alors partons ensemble visiter cet endroit grouillant de bestioles en tout genre, allant des gentils oiseaux aux reptiles descendants de l’époque des dinosaures et que les Amérindiens avaient baptisé « Pa-may-okee » (traduction littérale de « fleuve d’herbe » ou « grassy river »). Le « Fleuve d’Herbe », ce nom décrit bien cet écosystème unique qui n’est pas un fleuve au sens strict du terme. C’est en fait un cours d’eau peu profond (30 centimètres en moyenne) qui s’écoule sur environ 200 kilomètres du lac Okeechobee à la baie de Floride avec une largeur de 60 à 80 kilomètres. La superficie des Everglades autrefois de 11 000 km2 est aujourd’hui réduite à 6 100 km2. La présence de l’homme près de ces marécages ainsi que l’eau déviée de la région nord des Everglades constituent une menace pour la faune en raison de la destruction de leur habitat, du braconnage et de l’introduction d’espèces étrangères dans l’écosystème.
On opte pour un petit tour à « Bicyclette » sur la piste cyclable de 24 kilomètres à Shark Valley pour se plonger au cœur de la faune et de la flore des Everglades… mais pas de requin au programme de la visite contrairement à ce que laisse penser le nom Shark Valley. Aventuriers en herbe, c’est le moment de donner votre premier coup de pédale : Quand on partait de bon matin / Quand on partait sur les chemins / A bicyclette / Y’avait des oiseaux et des tortues en chemin… La densité de la végétation est juste fascinante : des herbes hautes, des marais de cyprès, des étangs couverts de nénuphars ou encore des espaces de jungle où la végétation est extrêmement serrée ! Tout est incroyablement calme, plongé dans l’ombre, avec de grands arbres, des fougères, des mousses de toute sorte et de l’eau omniprésente partout. Cette vaste végétation est l’habitat de millions d’oiseaux et d’une multitude d’insectes : regardez, ici un Anhinga d’Amérique (famille des pélécaniformes) et là, une Gallinule poule-d’eau, là encore un Grand Héron et une Aigrette tricolore… Les hérons et les aigrettes ont souvent leur nid juste au-dessus des eaux où trempent les alligators, profitant de la protection intéressée de ce voisin redoutable. En effet, les alligators ont tendance à faire fuir les animaux à poils (opossums, ratons-laveurs etc.), susceptibles de voler leurs oeufs ou leurs oisillons.
L’eau semble bien calme, mais elle regorge de poissons et de reptiles. Je remarque un bout de bois qui se déplace tout seul en surface… Mais non, c’est un gros lézard que l’on appelle communément Alligator (Alligator mississippiensis) dans le coin… il nous regarde passer avec une totale indifférence ! Ouf… S’il nous avez identifié comme une proie, il aurait plongé doucement dans l’eau, glissé près de nous et surgi brusquement la gueule ouverte afin de nous noyer… et tout le monde n’a pas l’étoffe de Paul Hogan pour s’en sortir indemne ! Mais, vous avez peu de risques de vous faire attaquer car les alligators ne s’attaquent qu’à des proies relativement petites, c’est-à-dire des proies qu’il peut tuer en un coup de mâchoire… Les Everglades sont évidemment connus pour être un repaire pour les alligators. Vous en verrez souvent sur le rivage, voire même sur le bitume se faire dorer au soleil. La liste des animaux dangereux dans le parc est assez impressionnante: en plus des alligators, on trouve aussi quelques crocodiles et des pythons. Ces pythons ne constituent pas du tout la faune locale originelle et ont été relâchés dans le parc (soit disant par accident) par des personnes lassées de leurs « NAC » (nouveaux animaux de compagnie). Ils ont pris d’assaut cet habitat dans lequel ils n’ont pas de prédateurs… et cela pourrait à terme provoquer une dégradation de ce bel écosystème ! Cette région sud de la Floride constitue aussi le seul endroit au monde où l’on trouve à la fois l’alligator et le crocodile : deux reptiles amphibiens au regard et aux crocs inquiétants… Il paraît que l’alligator est plus gentil que son cousin le croco qui attaque même s’il n’a pas faim ! Et là vous vous demandez sûrement, comment différencier un alligator d’un crocodile si je croise un reptile au milieu de ma piste cyclable ? Et je vous interdis de répondre: c’est caïman pareil ! Passé le vent de panique, je peux regarder sa couleur : les alligators sont d’un gris très foncé presque noirs, alors que les crocodiles ont plutôt une teinte brune olive… Ok, si vous avez le soleil en pleine face, pas toujours facile de distinguer la couleur ! Deuxième indice morphologique celui-ci: la tête du crocodile est triangulaire avec un museau pointu, tandis que celle de l’alligator est large et arrondie… Enfin, pour ôter définitivement le doute dans votre esprit, vous pouvez toujours lui demander gentiment de vous faire son plus beau sourire pour la photo: lorsqu’il ferme la gueule si vous n’apercevez que les crocs de la mandibule supérieure, c’est un alligator. Si les crocs des deux mandibules inférieure et supérieure sont visibles, c’est un crocodile américain ! Et si vous n’êtes vraiment pas physionomiste, une autre option s’offre à vous: vous pouvez aussi goûter l’eau dans laquelle il barbote … l’alligator vit dans l’eau douce alors que le crocodile vit dans l’eau mi-douce/mi-salée. Par contre si vous voulez goûter en plus celui qui y barbote, rendez-vous à la sortie du parc car comme dans toute zone touristique qui se respecte, il y a bien sûr des boutiques et un restaurant où vous pourrez manger… devinez quoi ? Des nuggets d’alligator… Même si certains visiteurs du parc y dévorent leurs nuggets en versant quelques larmes de crocodile… c’est un peu « borderline ». Cela nous rappelle que l’homme est bien au sommet de la chaîne des prédateurs…
Total changement de décor… A quelques kilomètres du parc des Everglades, bordée par le Golfe du Mexique, se trouve la ville de Naples, prononcez « naipeuls »… Cette station balnéaire nommée en l’honneur de sa grande sœur italienne Napoli, a été baptisée en 1887 par ses fondateurs John S. Williams (sénateur des Etats-Unis) et Walter H. Haldeman (éditeur du Louisville Courier-Journal). Ici vit une population de nantis qui ont préféré fuir l’urbanisation bruyante de Palm Beach ou de Miami… Il n’y a même pas de transport en commun et personne n’en veut car à Naples, tout le monde possède un véhicule ! Les quartiers sont paisibles, les artères urbaines sont ornées de palmiers, les maisons grandes et cossues sont posées au centre de belles pelouses sans clôture dignes de fairway, les jardins sont manucurés… Entre Gordon Pass (au sud) et Seagale Drive (au nord) c’est une suite ininterrompue de superbes plages de sable blanc dans un décor de palmiers alignés comme à la parade, sur près de dix-sept kilomètres. C’est ici que les habitants de Naples viennent entretenir leur bronzage à l’année ! En face de la 12th avenue South se trouve l’emblème de Naples, le Naples Pier, une impressionnante jetée de 300 mètres (1,000 feet) de long. Ce ponton servait de chargement / déchargement aux énormes navires transportant les matériaux de construction et le ravitaillement. Il a été un élément essentiel dans le développement de la ville. On y avait même fait construire un bureau de Poste ! Exposé à la fureur dévastatrice des ouragans (respectivement en 1910, en 1926, en 1944 et en 1960 où la jetée s’est complètement effondrée sous des vents de force 5) le Naples Pier a connu des reconstructions successives. Outre les ouragans, en 1922, un incendie a détruit le bureau de Poste ainsi qu’une partie de la structure de l’embarcadère. Mais inébranlable, il est toujours là et fait aujourd’hui le bonheur de très nombreux pêcheurs en raison de la concentration de poissons de grosse taille à cet endroit, ainsi que des touristes qui y déambulent pour apercevoir (avec un peu de chance) des dauphins, des pélicans venant pêcher (eux aussi !) et même parfois de petits requins…
Cette station balnéaire est un lieu de villégiature prisé par les grands de ce monde. Naples compte un des pourcentages les plus élevés de millionnaires au m²: Bill Gates et Steven Spielberg y prennent notamment leurs quartiers d’hiver. Comme New York, Naples possède une 5th avenue avec boutiques de mode, magasins d’antiquités, galeries d’art (Fifth avenue Design Gallery), magasins design (Peach Tree Designs), bijouteries et restaurants aux terrasses ombragées, bars à toutous… Si vos yeux aiment le tape-à-l’œil et que votre portefeuille est encore bien garni, vous pouvez également flâner dans les boutiques de luxe de 3rd street… Ferrari, Bentley, bâteaux de luxe ancrés dans la Marina et retraités fortunés bronzés offrent le spectacle de rue. Enfin, pour parachever votre journée, vous pouvez aussi rêver devant les extravagantes maisons de millionnaires d’Aqualane Shores, quartier très chic situé entre le vieux Naples et Port Royal. Au soleil couchant, n’hésitez surtout pas à vous assoir sur la plage du Pier avec les familles « bon chic bon genre » qui dégustent un verre de vin pétillant au soleil couchant… Et profitez du spectacle (caïman gratuit) du coucher de soleil qui embrase la mer… en écoutant Gérald De Palmas vous chanter : J’ai vécu longtemps votre système / Le pouvoir de l’argent, tout le monde l’aime / Je perdais le sommeil, je perdais mon calme /Alors, j’ai touché le soleil pour sauver mon âme / Et désormais / J’obéis aux lois de la nature… (Les lois de la nature).