- 1 Le mutualisme de la faune et de la flore costaricienne : l’art de partager !
- 2 Observer la faune au Costa Rica: attention aux espèces dangereuses !
- 3 Quels sont les trois animaux emblématiques du Costa Rica ?
- 4 Le Costa Rica: le paradis des papillons et des oiseaux tropicaux
- 5 Découvrez mes autres articles sur le Costa Rica
Petit pays d’Amérique Centrale, frontalier du Nicaragua (au nord) et du Panama (au sud), le Costa Rica abrite 5% de la biodiversité de la planète ! Sur les quelques deux millions d’espèces recensées à ce jour dans le monde, environ 91 000 se rencontrent au Costa Rica. En d’autres termes, cela signifie que près d’une espèce sur vingt connue dans le monde, vit au Costa Rica. Et les biologistes y découvrent chaque année 160 nouvelles espèces, soit une tous les deux jours… Toute cette vie est concentrée au sein de parcs nationaux (les deux plus anciens ont été créés en 1955), de réserves biologiques ou de refuges de vie sauvage qui couvrent un quart du territoire. Balades en bateau ou à pied sur les ponts suspendus dans la canopée, la faune est partout autour de nous: c’est une incroyable arche de Noé ! Mais, pour le néophyte envieux et impatient, la faune reste parfois invisible… C’est le paradoxe typique de la forêt tropicale !
Le mutualisme de la faune et de la flore costaricienne : l’art de partager !
15 000 espèces de papillons, 930 espèces d’oiseaux, 230 espèces de mammifères, 220 espèces de reptiles, 190 espèces d’amphibiens, 34 000 espèces d’insectes, 1 600 espèces de poissons et 10 000 espèces de plantes: peu de pays peuvent rivaliser avec la biodiversité du Costa Rica ! S’immerger dans les réserves naturelles pour y observer la faune et la flore est l’un des leitmotivs principaux de notre échappée belle en terre costaricienne. La forêt tropicale possède une densité d’espèces par hectare unique au monde. Toutes les rencontres animalières sont possibles depuis les sentiers des forêts à condition de rester silencieux, de regarder partout et d’être attentif au moindre craquement, bourdonnement ou sifflement… Et surtout gardez à l’esprit que la forêt n’a pas que de grands mammifères à offrir. Elle est aussi l’habitat des insectes, des dendrobates aux couleurs vives, des anoles ou des oiseaux aux plumages colorés. Et il n’est pas utile d’arpenter des kilomètres de sentier pour croiser leur route…
La première question qui nous vient à l’esprit est « comment autant d’espèces animales peuvent-elles coexister dans les forêts tropicales ? ». La canopée offre de nombreuses sources de nourriture, des abris et des refuges pour les animaux. Il y a beaucoup d’eau, une température plus ou moins constante ce qui permet le développement d’une végétation luxuriante, véritable paradis pour les herbivores… et par ricochet, une table riche de délicieux mets pour les prédateurs. On nous a enseigné que la botanique et la zoologie sont deux disciplines distinctes des sciences biologiques. Encore de nos jours, il reste des départements de botanique et de zoologie séparés dans les universités et chaque discipline possède ses propres revues scientifiques… Pourtant dans les forêts tropicales, la faune et la flore sont intimement liées et pratiquent l’art du partage ou mutualisme.
« Plaisir non partagé n’est plaisir qu’à moitié ». (Proverbe français)
Les exemples de mutualisme (liens impliquant des bénéfices mutuels) ne manquent pas dans les forêts pluvieuses comme ces grenouilles qui utilisent les réserves d’eau stockées dans les feuilles de broméliacées pour chasser et pondre leurs œufs. Les espèces animales rendent des services vitaux aux écosystèmes forestiers. Les graines de certaines espèces végétales doivent passer à travers l’appareil digestif d’un mammifère herbivore ou d’un oiseau avant de pouvoir germer. Le Pécari possède une des mâchoires les plus puissantes des mammifères herbivores ce qui lui permet de casser les graines très dures des palmiers. Quant aux plus petites graines, elles sont avalées intactes et excrétées quelques heures voire quelques jours plus tard, toujours viables, prêtes à la germination. On pourrait aussi citer le mythique Quetzal, prince des forêts de nuages, qui adore les avocats sauvages (ou aguacatillo). Il les avale tout rond et recrache le noyau qui donnera potentiellement un nouvel avocatier ! D’ailleurs, le quetzal est aussi connu sous le nom de « tepeaguacate » en raison de sa prédilection pour les avocats.
Observer la faune au Costa Rica: attention aux espèces dangereuses !
De nombreux sentiers forestiers, plus ou moins aménagés et entretenus selon les endroits, permettent d’observer l’incroyable faune du Costa Rica. Si j’osais la comparaison, je dirais que ces chemins de randonnée sont un peu comme une piste de ski: on prend du plaisir en les parcourant mais on s’expose au danger en s’en éloignant. Gardez bien en tête que certaines fourmis ont des morsures douloureuses, que des chenilles urticantes (comme cette chenille de papillon de nuit Automeris) peuvent provoquer de désagréables irritations, qu’un scorpion peut se tenir en embuscade sous les feuilles mortes ou les écorces et que malgré leurs airs enjôleurs, les amphibiens peuvent sécréter des poisons très nocifs. Le Costa Rica recense plus de 190 espèces d’amphibiens dont 33 sont endémiques. À elles seules, elles représentent 3% de la biodiversité mondiale !
Les amphibiens et les insectes
Dans les contes, c’est bien connu, les princesses doivent embrasser une grenouille pour la transformer en prince charmant. Si les grenouilles costariciennes de la famille des dendrobates sont souvent très colorées et attirantes, comme la grenouille blue-jean(Oophaga pumilio), nous rappelons à notre public averti qu’une manipulation inappropriée, notamment un baiser, peut entrainer un grave traumatisme, plutôt que l’apparition du jeune prince Naveen de Maldonia (voir « La Princesse et la Grenouille »). Pour exemple, le dendrobate doré (Dendrobates auratus) reconnaissable à sa couleur vert pomme tachée de noir sécrète, via les glandes de sa peau, la batrachotoxine (un alcaloïde actif sur le système nerveux). Cette substance toxique est si puissante qu’elle dissuade la plupart de ses prédateurs, à l’exception de quelques araignées. Le dendrobate doré est aussi appelé « grenouille tueuse » ou « grenouille poison » car ses toxines sont utilisées par certaines tribus d’Amazonie qui en enduisent leurs flèches, pour partir à la chasse à l’arc ou à la sarbacane.
Lorsqu’on explore la forêt tropicale, bien regarder où l’on pose ses pieds ou ses mains évite par exemple de frôler par inadvertance une colonie de Paraponera clavata, communément appelées « fourmis balle de fusil ». Il s’agit d’une des plus grandes espèces de fourmis, pouvant mesurer de 1,8 à 3 centimètres. La piqure de son dard inflige une douleur classée tout en haut de l’index Schmidt de pénibilité des piqûres (d’où le patronyme comparant la douleur à une balle reçue). Son venin, la ponératoxine, est un peptide neurotoxique qui interfère dans la fonction des cellules nerveuses, entraînant une douleur et une paralysie qui peuvent durer pendant 12 ou 24 heures. Ceci explique pourquoi on l’appelle aussi parfois « fourmi 24 ». Beaucoup plus petites et moins douloureuses, les fourmis du genre Crematogaster ou fourmis acrobates vivent en symbiose avec les acacias de Collins. En échange du gîte et du couvert, elles défendent ardemment la place. Ainsi frôler un acacia d’un peu trop près pourrait vous laisser un souvenir cutané désagréable pour quelques heures… Aussi, moins vous tripoterez la végétation, moins vous risquerez ce genre d’incidents.
Les serpents
Si cette première partie du récit vous a déjà glacé le sang, passons aux reptiles à sang froid… Les serpents sont à prendre au sérieux même si très peu d’espèces, sur les quelques 160 présentes au Costa Rica, sont vénéneuses. Les colubridés (la plupart ne sont pas venimeux) sont les serpents les plus communs. Il est difficile de les distinguer, mais leur caractéristique principale est l’absence de crocs injectant du venin sur la mâchoire supérieure. Le Leptophis ahaetulla (Liane perroquet) appartient à cette famille. Diurne et parfaitement adapté à la vie arboricole, il évolue avec une grande vélocité dans la végétation tropicale. Avec son dos vert feuille et ses deux fines rayures latérales, ce serpent est spécialisé dans le bluff: pour nous effrayer, il ouvre grand la gueule en faisant mine d’attaquer. Dépourvu de crochets venimeux, cette position d’intimidation reste son seul moyen de défense. Et bien souvent, ça marche… Ayez confiance, croyez en moi !
« Es-tu seul ? Que fais-tu au fin fond de la jungle ? Tu ne sais donc pas ce que tu es ? Moi je le sais et je sais d’où tu viens. Pauvre petit trésor. Je te suivrai à la trace. Libère toi de ta peur à présent. Aie confiance, crois en moi. »
(Kaa – Le livre de la Jungle)
En fait, il faut plutôt se méfier des petits serpents relativement calmes, perchés sur une branche ou camouflés sous une feuille qu’il convient de ne surtout pas déranger ! Sa taille varie de 40 à 70 centimètres, rarement plus: voici la vipère de Schlegell (Botriechis schlegelii) qui possède un large panel de couleurs allant du rouge au vert, en passant par le jaune. Dans la nature ce serpent venimeux arboricole adopte majoritairement une couleur verte avec des nuances de marrons pour des questions de camouflage dans la forêt tropicale. Elle se nourrit de rongeurs, grenouilles, chauve-souris, lézards ou encore de petits oiseaux et attaque par embuscade à la tombée du jour. Réputée peu agressive, mieux vaut se méfier de son venin particulièrement dangereux… surtout chez les jeunes vipères. Les jeunes naissent avec des crochets et des glandes à venin déjà opérationnels. Etant moins expérimentés que leurs ainés, les jeunes vipères auront tendance à libérer toute la dose de venin en une seule morsure.
Mowgli : « Tu m’as menti Kha. Tu m’as dit d’avoir confiance en toi. »
Kaa : « Tu l’as dit toi-même. On ne peut avoir confiance en personne. »
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une personne est mordue par un serpent dans le monde toutes les 6 secondes. Sur les 5,4 millions de personnes mordues chaque année, l’OMS estime qu’il y a jusqu’à 2,7 millions de cas d’envenimement. Les morsures causent des blessures graves ou des handicaps chez trois millions de personnes et en tuent environ 125 000… Les morsures de serpent sont responsables de davantage de décès et d’infirmités que certaines maladies tropicales toujours selon l’OMS. Sans soins médicaux, le venin du serpent transmis par morsure peut entraîner une paralysie respiratoire, des hémorragies, des insuffisances rénales irréversibles et des lésions tissulaires susceptibles de provoquer l’amputation d’un membre. Pour lutter contre cette situation, le 6 mai 2019, l’OMS a fixé comme objectif une réduction de 50% des cas de décès et des handicaps associés dus aux morsures de serpent dans le monde à l’horizon 2030. L’OMS veut mettre l’accent sur le développement d’anti-venins adaptés aux espèces de chaque région, et rendre ces anti-venins accessibles en termes de coûts. Cette initiative adoptée par l’OMS a été proposée dès 2016 par le Costa Rica. Mais c’est le moment de rassurer les plus anxieux: non, vous ne vous ferez très probablement pas mordre par un serpent lors de votre voyage au Costa Rica. Les serpents sont des espèces nocturnes et sédentaires. Le jour, ils se cachent à l’abri des regards, pour partir à la chasse la nuit tombée. Peu de chance donc de vivre une mésaventure !
Les félins
Comme je le disais au début des cet article, toutes les rencontres animalières sont possibles depuis les sentiers qui serpentent dans les forêts tropicales. Plusieurs mammifères utilisent d’ailleurs ces sentiers comme zone de passage, les félins y compris. Timides et craintifs, une attaque de puma, de jaguar ou d’ocelot est donc peu probable. Très difficile à observer dans leur habitat naturel, vous aurez plus de chance de voir les 6 espèces sauvages de félins du Costa Rica (Ocelot, Margay, Jaguar, Puma, Jaguarundi et Oncilla) dans un refuge animalier qu’au cœur de la forêt tropicale. Le roi des félins, le jaguar (du mot amérindien « yaguar »), est puissant et majestueux. Il peut atteindre 2 mètres de long et peser jusqu’à 115 kilos. Dans cette catégorie poids lourd, le puma pèse seulement entre 80 et 90 kg et n’a pas de pelage tacheté. Chassant au crépuscule et à l’aube, il est incroyablement rapide malgré son poids ! Troisième plus grand félin d’Amérique centrale, l’ocelot a un pelage tacheté, comportant des motifs uniques à chaque individu, qui a fait fureur dans le commerce des fourrures des années 80. Pesant jusqu’à 12kg et mesurant 1,5 mètre, il est appelé « mano gordo » (grosse main) en espagnol. Ces pattes puissantes lui permettent de grimper aux arbres très facilement… C’est dormant sur une branche que vous aurez le plus chance de l’apercevoir en journée ! Enfin, peut-être le plus étrange des félins que l’on ait pu voir au Costa Rica est certainement le jaguarundi (Puma yagouaroundi). Seul félin actif en journée (la probabilité de le voir est donc plus grande), ce proche parent du puma aussi appelé eyra ou encore chat loutre ressemble plutôt à une loutre ou à une belette. Il possède en effet plusieurs caractéristiques observées chez les mustélidés: un corps allongé avec des pattes relativement courtes, une petite tête étroite, de petites oreilles rondes, un museau court et une longue queue.
Quels sont les trois animaux emblématiques du Costa Rica ?
Le trio gagnant des animaux emblématiques du Costa Rica sans nul doute: la rainette aux yeux rouges, le paresseux et l’iguane. Maintenant que je vous ai décrit la forêt tropicale comme un « enfer vert » peuplé d’espèces dangereuses où les héros que vous êtes font face à une nature agressive, avec une multitude d’insectes qui piquent et de dangereux serpents mortels, laissez-moi vous montrer l’enfer (plutôt l’envers ?) du décor. Nul ne l’ignore, le Costa Rica est aussi un véritable jardin d’éden.
La rainette aux yeux rouges
Si je vous pose la question « quelles sont les espèces animales emblématiques des forêts tropicales du Costa Rica ? », je suis prête à parier que la majorité d’entre vous me répondront invariablement: la rainette aux yeux rouges. Symbole officieux du Costa Rica, cette petite grenouille aux yeux rouges est un festival de couleurs à elle toute seule: un corps vert avec des raies bleues et jaunes sur les côtés et des pattes orange. Mesurant entre 5 et 8 cm à l’âge adulte, elle se camoufle parfaitement dans la forêt tropicale malgré son extravagance chromatique. En journée, elle dort cachée sous une palme pour ne sortir qu’au crépuscule où ses couleurs clownesques sont beaucoup moins vives. Cette star du Costa Rica se retrouve en couverture des livres, sur les tee-shirts, les magnets ou les mugs souvent représentée en grenouille Zen en pleine méditation bouddhiste…
« S’il suffisait de s’installer en position du lotus pour accéder à l’illumination, toutes les grenouilles seraient des bouddhas ».
(Louis Pauwels – Les dernières chaînes)
Le paresseux
Mais continuons notre tour d’horizon des espèces animales emblématiques du Costa Rica. Pour ceux qui n’auraient pas fait allusion à la rainette aux yeux rouges en premier choix, il est fort à parier que vous auriez cité notre ami « Flash Slothmore » (sloth signifiant paresse) le plus paresseux des fonctionnaires de Zootopie. Il existe deux types de paresseux qui se distinguent par la couleur de leur pelage et le nombre de griffes. Le paresseux à gorge brune (Bradypus tridactylus) ou aï, possède trois griffes à l’extrémité des membres antérieurs. Il est souvent appelé paresseux à trois doigts ou tridactyle. Le paresseux d’Hoffmann (Choloepus didactylus ) ou unau, possède seulement deux doigts.
« La paresse conduit à la contemplation, la contemplation mène à la béatitude ».
(Anatole France – La vie littéraire)
Pour rebondir sur l’ironique plaque d’immatriculation de la voiture de sport que conduit Flash « FST NML » (consonnes de Fast Animal), le paresseux est un animal tellement lent (il se déplace de 5 mètres par minute) qu’il est parfois difficile de le repérer en pleine forêt tropicale. Suspendu à une branche, ce mammifère arboricole se distingue à peine sur le fond de la voute forestière. Cette boule de poils immobile ou quasiment immobile dort jusqu’à 20 heures par jour, sa principale occupation étant sa digestion extrêmement lente… Si une vache peut mettre cinq jours à digérer des kilos d’herbe, le paresseux a besoin de plus de 4 semaines… Il vit en symbiose avec des bactéries (seulement actives en présence de chaleur) qui lui permettent de dégrader la cellulose des végétaux. Pour assurer son bon transit alimentaire, le paresseux doit donc faire des séances de bronzage au soleil régulières !
« Que la paresse soit un des sept péchés capitaux nous fait douter des six autres ».
(Robert Sabatier – Le livre de la déraison souriante)
Vous en conviendrez, porter le nom de l’un des sept péchés capitaux, n’est pas très glamour…Et pourtant avec sa fourrure à la « Chewbacca » et ses griffes incurvées à la « Wolverine », le paresseux est un animal fascinant. Son pelage est constitué de longs poils qui poussent à l’inverse des autres mammifères, du ventre vers le dos. Cette particularité est due au fait que l’animal se déplace à l’envers, le dos vers le bas. Pourtant on ne peut pas vraiment dire qu’il est à rebrousse-poil mais plutôt qu’il a un poil dans la main, non ? Sa fourrure verdâtre renferme un incroyable écosystème, refuge d’algues, de bactéries d’insectes et de champignons dont chacun joue un rôle profitable à l’animal. Sa toison, véritable pharmacopée portative, n’abrite pas moins de 84 souches de champignons ayant de puissantes activités antibactériennes et antiparasitaires notamment contre les vecteurs du paludisme et de la maladie de Chagas. « Dans le champignon, tout est bon » pourrait se targuer le paresseux. Lorsque, environ une fois par semaine, le paresseux descend des cimes pour uriner et déféquer, au pied d’un arbre voisin, il permet aux mites, qui colonisent en nombre sa fourrure, de pondre dans leurs fèces. Donnant-donnant, les mites qui se décomposent dans ses poils (grâce aux champignons) fournissent des nutriments non organiques à des algues, lesquelles apporteraient au paresseux les lipides que ne lui procurent pas son régime végétarien. Un sacré travail d’équipe, non ?
L’iguane vert
Une autre espèce, fréquemment rencontrée dans les forêts costariciennes, vit sa vie de paresseux sur les arbres: l’iguane vert. Pour peu que vous soyez tête en l’air, vous n’aurez aucun mal à observer un spécimen en train de se faire dorer tranquillement au soleil allongé sur une branche, prenant la pose parfaite pour une belle photo. L’iguane vert ou iguane commun, au corps trapu et long de 1,5 mètre (du museau à la queue) est un autre animal emblématique du Costa Rica. Son dos et sa queue recouverts d’épines, ses griffes longues et acérées et ses grandes dents pourraient laisser croire que c’est un grand prédateur alors qu’en réalité c’est un animal herbivore inoffensif. Sa queue qui représente les deux tiers de sa longueur totale, peut être utilisée comme un fouet pour asséner des coups et blesser. Pour ce qui est de sa couleur, vous vous dites sûrement qu’il est vert… mais non. L’iguane a différentes couleurs selon sa région d’origine, mais aussi suivant son âge. Sa teinte peut prendre différents tons de vert, mais aussi être rosée, bleuâtre ou orangée. Particulièrement apprécié pour sa viande et pour ses œufs, il est appelé « poulet de l’arbre » au Costa Rica. Ce grand lézard est désormais protégé et sa consommation est interdite.
Le Costa Rica: le paradis des papillons et des oiseaux tropicaux
Enfin le tour d’horizon de cet éden serait incomplet si on ne citait pas les nombreuses espèces volantes et colorées qui peuplent les forêts tropicales. Le Costa Rica fait le bonheur des ornithologues avec plus de 930 espèces d’oiseaux recensées mais aussi celui des entomologistes car on estime que près d’un quart des papillons connus à travers le monde se trouvent au Costa Rica. Qui n’apprécie pas la vue d’un papillon qui virevolte avec légèreté ? Ses grandes ailes lui permettent un vol lent et plus élégant que la plupart des autres insectes. En comparaison à ses dix battements d’ailes par secondes, l’abeille vole au rythme de 200 battements par secondes. Les papillons ne suscitent-ils pas une certaine gaieté et harmonie dans nos cœurs lorsqu’on les voit ainsi papillonner ? C’est sûrement ça le véritable effet papillon…
Si l’un des plus beaux est sans conteste le Morpho, un grand papillon à la teinte bleu métallique, on trouve aussi le papillon hibou (Caligo) qui est vraiment chouette ! Les Heliconius (sara, hecale, cydno) sont quant à eux des papillons particulièrement intéressants: leur variété est immense et leur mimétisme est troublant. Ils ont une capacité d’adaptation rapide aux changements de couleur. Ce processus de mimétisme prend origine dans une structure particulière de leur génome et consiste à ressembler à des espèces toxiques pour échapper aux prédateurs qui apprennent à ne pas consommer une certaine coloration. De plus, les chenilles d’Heliconius se nourrissent de feuilles de passiflore, accumulant les toxines qui s’y trouvent. Elles acquièrent ainsi une toxicité qui les protège des prédateurs, même parvenues à l’état de papillon. Une autre particularité des Heliconius est leur régime alimentaire. Ils sont les seuls papillons à se nourrir de pollen en plus de nectar. Cet apport riche en protéines leur confère une longévité de plusieurs mois, contrairement aux autres papillons qui ne vivent généralement que quelques semaines.
Quant aux oiseaux, une chose est sûre, leur observation est un enchantement permanent. Rien de plus agréable que le chant paisible et mélodieux de ces nombreux oiseaux en pleine nature. Il n’est pas facile d’établir une courte liste des plus beaux oiseaux du Costa Rica car il y en a pour tous les goûts… Je ne citerai donc ici que 4 des 86 familles qui peuplent les forêts tropicales costariciennes car nous découvrirons ensemble les différentes espèces d’oiseaux au fur et à mesure de notre périple dans les différentes régions. Dans la famille des toucans, le toucan à carène (Ramphastos sulfuratus) est sans doute le plus populaire de tous, avec son long bec en forme de banane aux couleurs de l’arc-en-ciel. Avec 52 espèces différentes, la famille des colibris est bien représentée. Outre leurs prouesses en vol, ces oiseaux lilliputiens (le colibri d’Elena ne pèse que de 1,5 à 1,9 grammes) possèdent une impressionnante diversité au niveau de l’irisation de leur plumage. En fonction de la position de l’oiseau, ses couleurs peuvent changer complètement comme ce colibri thalassin.
Dans la famille de Woody Woodpecker (les Piverts ou pics verts) le Costa Rica compte 16 espèces de piverts qui vivent dans des différentes régions dont le Pic de Pucheran. Les Trongons accueillent quant à eux dans leur famille nombre d’oiseaux trognons avec leur plumage coloré comme le Trogon de Massena ou le Trogon à lunettes jaunes. Mais la famille des Trogonidae est surtout connue pour le resplendissant Quetzal, un véritable symbole dans les pays d’Amérique Centrale. Cet oiseau d’une trentaine de centimètres était sacré dans les anciennes civilisations du continent, notamment les Aztèques. Le nom Quetzal fait penser au dieu Quetzalcoatl, le « Serpent à Plume ».
« Fais comme l’oiseau
Ça vit d’air pur et d’eau fraîche, un oiseau
D’un peu de chasse et de pêche, un oiseau
Mais jamais rien ne l’empêche, l’oiseau, d’aller plus haut »
(Michel Fugain – Fais comme l’oiseau)
Enfin, je ne pouvais terminer cet aparté ornithologique sans citer l’oiseau national du Costa Rica (élu en 1977 parmi plusieurs candidats), le Yigüïrro (Turdus grayi) encore appelé le merle fauve ou merle brun, appartenant à la famille des Turdidae. Pourtant cet oiseau n’a aucun attrait esthétique: il arbore un plumage marron plutôt banal avec un bec jaune et des iris couleur brun-rouge. Il est relativement agressif et possède un chant plutôt désagréable: un son rugueux et nasillard dont le nom indigène Yigüïrro est une onomatopée transcrivant de façon approximative son cri. Mais pourquoi diable est-ce l’oiseau national du Costa Rica se demande-t-on ? Il faut avouer que le choix nous laisse perplexe au premier abord… C’est sans doute qu’il est présent sur tout le territoire costaricien. Tous les habitants le connaissent et son chant annonciateur des pluies est familier à tous. Il est dit que le Yigüïrro est prophète de la saison des pluies, ces pluies indispensables à l’agriculture mais également au renouvellement des nappes phréatiques. Le Turdus grayi est tout un symbole mais aussi un porte-bonheur quand il choisit une habitation pour établir son nid. La couleur bleue des œufs du merle est due à la biliverdine, un pigment déposé sur la coquille de l’œuf lorsque la femelle pond. Il existe certains indices suggérant que les niveaux les plus élevés de biliverdine indiquent une femelle plus saine et donnent des œufs d’un bleu brillant.
« De tous les animaux de notre faune, c’est le Yigüïrro qui réjouit les premiers jours de mai, avec son chant, lorsqu’ arrive le printemps. C’est le musicien ailé qui, de la même façon chante dans le palais du riche ou sur le seuil de la masure du pauvre et qui donne vie à la paix saine de nos champs ».
Découvrez mes autres articles sur le Costa Rica
- Voyage au cœur des forêts tropicales du Costa Rica
- Le parc national du volcan Arenal, une merveille naturelle
- Découvrir la faune et la flore du parc national du Volcan Arenal
- Le parc du Volcan Tenorio, le plus céleste
- La réserve de Caño Negro: de crocs et de plumes au fil de l’eau
- La tête dans les nuages dans la Réserve de Monteverde
- Explorer la côte pacifique du Costa Rica: le parc Carara
- Explorez la côte pacifique du Costa Rica: le Parc Manuel Antonio